stare so deep in your eyes

Vous savez, cet instant entre la nuit et le jour, voilà ce qu’est Cece. Elle est ce petit laps de temps qui est indéfinissable, qui est original en soit. ; Chaque rose a ses épines, elle le sait mieux que quiconque la petite blonde, oh oui elle le sait mieux que quiconque. Cece se demande encore, comment les habitants de Wooden Cove perçoivent-ils cette vie ? Le réveil après la cryogénisation, ou le coup de poignard reçu pour chaque habitant de la communauté. Cette perdition, cette absence de connaissance du monde qui les entoure est comme une purge qui leur retire tout confort de vie. ; La jeune infirmière semble presque oublie comment vivre au cœur d’un environnement trop carré, concentré et aseptisé.  Les jours où l’on se demande ce qu’on peut bien foutre sont de plus en plus nombreux.

Le soleil se lève, ses pensées s’entremêlent et ses yeux s’émerveillent à l’idée de voir le ciel s’embraser. Assise sur une rambarde, ses mains agrippées au bord de celle-ci, elle n'arrive pas à se concentrer sur ce qui est en train de se passer devant ses yeux. Elle tremble, elle palpite, comme un papillon. Un sourire énigmatique se dessine sur ses lèvres rouges,  elle regarde discrètement par-dessus son épaule : personne à l’horizon. ; Cece balance un petit coup de pied contre la balustrade afin de se relever. Elle place son sac à dos sur ses épaules, et ferme les yeux une seconde. Juste une seconde. Un souffle. Court, précis. Dépassant la sortie de Wooden Cove qu’elle ne connait que trop bien, elle tourne les talons vers une direction ou une autre, sans savoir vraiment où elle va. Elle marche sans doute un peu trop longtemps, sans être apeurée, elle est plus calme maintenant.

Dans un énième soupir interminable, Cece se masse le cuir chevelu du bout des doigts tout en observant l’environnement sauvage.  Le paysage est à couper le souffle, la végétation est luxuriante et s’étale à perte de vue. Un pas, deux pas, et son regard se fixe sur une silhouette, dos à elle. ; Elle fronce les sourcils, et observe le jeune homme silencieusement. L’espace d’un instant, elle hésite à rebrousser chemin. Elle se mordille la lèvre inférieure avant de se placer aux côtés de l’individu. Sans un mot, elle observe ce qu’il est en train de faire.

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Ces pas ne sont assurément pas les siens, ce sont ceux d’une fugueuse matinale. Son esprit se replie pour ne pas affronter les prochaines heures alors qu’elle se dirige avec détermination vers un sentier de chasse encore peu fréquenté à cette heure. Elle se faufile parmi la végétation, les sens déployés et le désir furieux d’avancer toujours plus loin. ; Eternelle indécise, de doute s’insinue. Devait-elle abandonner l’idée de faire  demi-tour pour éviter une introspection futile ? Il semblerait.

Regarder par-dessus son épaule, c’est s’assurer du bien fondé de sa fuite. C’est regarder en face les fantômes de son passé qui la poursuivent mais c’est surtout revoir le souvenir d’une mère dont elle ne peut déjà plus supporter la vue. Peut-être n’est-ce que sa culpabilité qui la rattrape malgré elle ? Remords ou regrets ? Dans son cas, il faut parier sur les deux de façon continue. De ce fait, autant continuer sa marche sans prendre le risque d’être reconnue, identifiée et tentée. Tentée de rebrousser son chemin.

Depuis quand t’es ici ? ; Elle cligne des yeux, le visage dubitatif. Quel regard peut-elle avoir sur le jeune Ethan qu’elle dévisage silencieusement ? ; Elle hasarde son regard émeraude dans la profondeur de ses iris bleu, ses lèvres roses s’entrouvrent pendant une fraction de seconde avant de se refermer.  Elle accueille le brun d’un sourire qui la met autant en beauté qu’en perspective sur ces lèvres adroitement dessinées. Une mise en bouche qu’elle contemple avec la même curiosité et la même fascination. Ethan, le Gamma.

— Je viens d’arriver, avoue-t-elle calmement tout en haussant les épaules.

Un bruit attire son attention. Une plante vient d’attraper dans son piège une pauvre créature qui se débat à l’intérieur de ses pétales jaunes. Les prunelles de Cece oscillent entre la proie emprisonnée et son compagnon. Et si la pauvre bête meurt, la plante va-t-elle se retourner contre eux ? Elle se mord l’intérieur de la joue avant de sortir un grand couteau qu’elle empoigne dans sa main droite. Elle souffle doucement avant de donner un grand coup dans la plante afin de la tuer, en espérant avoir bien visé son point faible, autrement dit son cœur.

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Le doute s’insinue. Combien de secondes laisse-t-elle couler encore, avant de se décider à frapper la plante ? Son assaut est pourtant déterminé, il se veut agile. Mais Cece n’est pas qu’une petite infirmière, et ce simple coup de couteau prouve que le maniement d’une lame n’est peut-être pas son domaine de prédilection. Ce simple coup qu’elle rate pathétiquement, qui ne fait qu’entailler la plante. Piquée par cette erreur, la jeune femme n’assume plus son geste téméraire qui se solde par un échec.

Et comme pour la punir pour avoir voulue revêtir l’apparat d’un membre Alpha, la plante qui manifestait auparavant une attitude passive lâche sa proie vivante afin d’attaquer la petite blonde. Le regard apeuré par la scène principale, s’évadant en coulisse, Cece se sent  comme férocement happée en arrière avant de retomber sur … Ethan. Ses prunelles vertes s’écarquillent de stupeur alors qu’elle voit du coin de l’œil la plante ranger son dard dégoulinant d’une substance aussi noir que l’encre. L’adrénaline grouille sous ses veines pour mieux la piéger sournoisement. Déjà condamnée à plusieurs inspirations contraignantes afin de calmer le rythme accéléré de son cœur, son attention oscille entre la plante revenue au stade passif et le torse du jeune homme contre lequel elle est allongée de tout son long. Son anxiété se dissout sommairement quand elle relève son buste afin de prendre appui sur ses mains.

Le temps se suspend - une seconde, peut-être deux. Un faux silence la fait apprécier à leur juste valeur, les yeux de son interlocuteur. Son geste téméraire, elle le regrette déjà. Ça a été absurde. Elle pourrait en rire d’ailleurs. Prise en défaut, inapte à tout niveau pour raccommoder  la situation embarrassante, comment peut-elle envisager autrement cette rencontre ? Avec cette bavure, elle ne savait que dire pour ne pas sombrer dans la gêne la plus infâme. Elle est trop proche de lui, bien trop proche. Si proche qu’elle peut humer et séparer chaque composante du parfum qui émane de lui.

— Désolé, c’était stupide, exhale-t-elle entre ses lèvres, dans un chuchotement.

Elle roule sur le côté, dos contre terre avant d’éclater de rire. Ce petit rire nerveux qui secoue votre corps dans une hilarité incontrôlable. Elle soupire avant de se rallonger sur le ventre, appuyé sur ses avant-bras  qui lui servent de soutien.

— Merci d’avoir sauvé une idiote comme moi. J’espère que tu n’as rien ?

Elle s’empresse de tâter doucement son bras gauche à la recherche d’une éventuelle blessure.

— Si tu as mal quelque part, dis le moi.

Alors qu'elle s'apprête à examiner son autre bras, un bruit suspect la stoppe net dans son examen. Leur chute aurait-elle été suffisamment bruyante pour attirer une autre créature ?

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A la recherche d’une anomalie, les prunelles vertes de la jeune infirmière sillonnent sur le corps d’Ethan. Une question, le professionnalisme toujours opérationnel : est-ce que tu vas bien ? ; La question banale, mais pourtant nécessaire qui amène une réponse claire. Son regard est soucieux, ses yeux se plissent à mesure où sa concentration crève le plafond à l’affût du petit détail qui pourrait faire toute la différence. Elle se relève tranquillement en même temps que le jeune homme, sans relâcher sa vigilance. Le pli au creux de ses paupières se relâche enfin lorsqu’il lui assure qu’il est en pleine forme. Un petit sourire, elle hoche la tête, rassurée. Elle époussette ses habits maculés de terre, avant de s’étirer de tout son long pendant quelques secondes. Une chance que j’en sois encore capable, grâce à lui ! songe-t-elle tout relâchant son étirement.

— Hm, seule ?

Elle penche la tête sur le côté, sceptique. Alors que ses yeux se lèvent au ciel, signe de sa réflexion, ils finissent par s’écarquiller lorsqu’elle comprend enfin l’allusion d’Ethan. Taquine, elle laisse un sourire amusé poindre sur ses lèvres.  Elle éclate d’un petit rire avant de poursuivre d’un ton imperturbable, elle s’autorise le second degré qu’elle poursuit volontiers.

— Il est en train de dormir le bébé.

Lui. Cela ne peut représenter qu’une seule personne. Celui qu’elle considère sans aucune hésitation comme la personne la plus chère à ses yeux : Wade. Cece se masse l’arrière du crâne avec un sourire amusé, en souvenir d’une situation embarrassante lors de son réveil. Wade a toujours été très présent dans sa vie, si bien qu’il a tendance à le surprotéger pour toutes sortes de raison. A se demander s’il ne prend pas un malin plaisir à faire fuir la gente masculine qui butine autour de la petite blonde.

Les yeux de Cece effleurent très prudemment le croquis échoué qu’Ethan avait dessiné sur son carnet quelques instants auparavant. Le dessin de cette cible qu’elle avait impunément essayé de tuer,  mais elle fut tirée in extremis par le jeune Gamma. Elle soupire dans un léger frisson en repensant à cette scène. Elle éprouve un semblant de réconfort de ne pas avoir été seule dans cette épreuve.

La blonde retient son souffle en entendant un bruit suspect. Son rictus meurt aussi rapidement pour laisser place furtivement à l’anxiété quand elle voit un buisson remuer légèrement. D’un pas qui tente de se défaire de ce malaise qui la saisit à l’entente de ce son,  elle se rapproche encore un peu plus d’Ethan, s’agrippant à sa manche.  Son regard émeraude fixe avec insistance la petite créature qui sort de l’arbuste, dangereusement proche de la plante carnivore. Ethan essaye d’attirer la petite créature qui s’approche de lui sans hésitation. Silencieuse, elle observe la boule de poil avant de balancer avec douceur :

— Je le veux.

Elle se pose sur ses genoux, puis tend doucement son bras afin de lui faire sentir son odeur. Elle espère réussir à rassurer l’animal pour qu’il vienne en contact avec elle, envieuse du premier contact qu’il a avec Ethan.

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Les bras croisés derrière son dos, la tête légèrement rejeté en arrière, la petite blonde laisse ses yeux rirent de la remarque du jeune homme concernant l’omniprésence de Wade. Une chose à laquelle elle s’accommode depuis des années, mais qui suscite un désagrément pour les autres. Son regard vert pétillant observe le visage d’Ethan avant de reporter son attention sur la créature qui semble apprécier l’approche du jeune homme. Et c’est dans une supplique presque attendrissante qu’elle réclame le petit animal afin d’en faire son compagnon domestique. Telle une enfant, elle s’émerveille à l’idée de le ramener à Wooden Cove pour l’éduquer convenablement.

Prend le. Un sourire étire ses lèvres jusqu’aux oreilles, alors la jeune infirmière n’hésite pas à tendre le bras pour inciter l’adorable créature à se blottir contre elle. Câline et très affectueuse, le petit félin lui lèche la main avant de se caler dans ses bras. Satisfaite de l’avoir apprivoisé avec l’aide d’Ethan, Cece se remet debout en tenant fermement l’animal dans ses bras, tel un nourrisson. Quelques caresses d’Ethan sur le haut de son crâne suffisent à ce que l’animal ronronne de bonheur, en jappant au travers de petits cris.

— Haha, ça serait mentir voyons, glousse-t-elle derrière un coup d’œil malicieux.

Bien qu’elle soit fière de l’obtention de ce petit animal, elle n’est pas grossière au point de ne pas lui en être reconnaissante. Et en parlant de gratitude, elle laisse sa main droite emprunter un sentier inhabituel jusqu’à l’épaule du jeune homme. Ses doigt cheminent à leur tour pour gagner l’arrière de sa nuque d’où elle peut toucher sa chevelure,  alors qu’elle prend appuie afin de se mettre sur la pointe des pieds. Pendant qu’elle piétine le peu de distance les séparant encore, la petite blonde pose ses lèvres contre la joue d’Ethan. La marque de gratitude est réelle. Elle recule au bout de quelques secondes avant de poursuivre d’un ton amusé :

— Merci pour le cadeau Monsieur.

Elle rejette ses cheveux en arrière avant de le questionner sur une note plus sérieuse :

— Tu semblais occupé avant que je n’arrive. Je peux t’aider dans ce que tu faisais ?

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Pétillante serait vraisemblablement le mot correct pour caractériser la petite Cece. Au combien même elle semble être habitée par une énergie frivole, la spontanéité est aussi son credo, son mode de vie et de fonctionnement. Ainsi elle avait souhaité lui montrer sa gratitude, alors elle l’a embrassé. Quand elle pense, elle parle. Quand elle désire, elle agit. Son geste lui semble donc naturel, la gêne ne traverse pas les traits de son visage lorsqu’elle recule afin de reprendre sa place initiale. Ses yeux se plissent légèrement, elle l’observe. Un sourire léger étire ses lèvres roses alors que son regard vert s’amuse à déceler les moindres petites expressions que le visage d’Ethan veut bien lui montrer. Son rire est léger, cela la rassure intérieurement : il ne l’a pas mal pris.

Euh … ; La petite blonde rit doucement. Il semble qu’elle ait troublé sa réflexion, elle patiente. Elle le voit s’assoir au sol avant de lui dévoiler le contenu de son carnet de note. Curieuse à l’idée de lire les écritures noires, Cece se met en position accroupie avant de poser ses genoux au sol, assise sur ses pieds. Ses yeux valsent entre les pages, les dessins et les différentes annotations avec un grand intérêt. Elle écoute attentivement le discours du jeune Gamma, elle suit du regard l’arbre qu’il pointe, sur lequel une croix est entaillée dans son écorce. Le Chobul s’amuse mordiller les doigts de Cece tandis qu’elle plonge son regard dans celui d’Ethan, amusée par sa maladresse. Elle rapproche son visage par-dessus son épaule avant de conclure d’une voix calme :

— En fait tu aimes prendre soin des gens, psalmodie-t-elle à bout de lèvres dans une constatation. Tu n’es pas juste un Gamma, tu es adorable par nature, merci.

Elle taquine la bestiole dans ses bras en lui gratouillant le ventre quand le jeune homme la questionne sur sa présence en ces lieux. Cece lève les yeux au ciel, songeuse. Appréciant la franchise du jeune Ethan, elle décide de lui répondre sur le même registre.

— Moi ? Je voulais me dégourdir les jambes, fuir un peu pour marcher.

Elle rigole de sa réponse avant de se relever sur ses jambes, elle tend ainsi la main au Gamma avant de poursuivre sur le même ton.

— Un homme et une femme sont  assis au milieu d’un chantier, et la femme veut aider l’homme dans son travail. L’homme va-t-il accepter l’aide de cette femme ?

Elle incline la tête, attentive à sa réponse à venir.