L'éveil avait été une chose terrible : comme une renaissance douloureuse accueillie sous un ciel de cauchemar. Les souvenirs de sa dernière vie sont flous, vaseux dans sa tête. Ses idées ne sont pas encore limpides dans son esprit, c'est comme un nœud de confusion qui lui martèle inlassablement les tempes. Ses émotions exacerbées par l'angoisse de son éveil s'étaient apaisées, les tremblements qui avaient agités tout son corps s'étaient stoppés. Il y avait juste les remous de son âme qui dérangeait son sommeil et son calme apparent ; il était confus. Bouleversé aussi, dissimulant tout derrière un masque de marbre, imperméable.

Il avait posé ses deux index au niveau de la base de son nez pour respirer calmement et faire le vide dans son esprit tout en restant assis. C'est ce que lui disait Zaïna, lorsqu'il allait mal. Pose-toi, épure toutes ces mauvaises idées. Ne garde que l'essentiel et le positif. Oublie le reste.
Oui, mais quoi ? Qu'est-ce qui est positif ?

Il était encore trop perdu, trop égaré pour comprendre ce qu'il lui arrivait. Il espérait se réveiller dans un sursaut d'angoisse dans son lit, dans sa vie – mais il savait bien au fond de lui que c'était bel et bien impossible et qu'il s'agissait d'une réalité. Une réalité à laquelle il venait de prendre part.

Un bruit retentit à côté de lui et il regarda de biais pour voir qui était à ses côtés. Sa tête pivota lentement vers elle. Il la reconnaît, elle l'a aidé, il croit. Il ne sait plus trop en fait.
Il croit que oui.

─ … C'était toi, hein ?

Il marque une pause, s'humectant légèrement les lèvres. Ses muscles le tiraient encore sous sa peau.

─ C'est toi qui est venu m'aider.

Sa tête se baisse légèrement et il laisse transparaître un demi-sourire, un peu discret, un peu voilé, étirer ses lèvres.

─ Merci beaucoup.


Il  l'observe légèrement. Comme intrigué.

─ C'est quoi ton nom ? Tu sais où on est ici ?

Parce qu'une chose qu'il avait comprit, c'est qu'il ne s'agissait que du début.