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 J + 186 ; Dis-moi que t'as caché des cartouches dans ta batcav' [Ft. Winter]

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Quinn Stanford
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Quinn Stanford
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MessageSujet: J + 186 ; Dis-moi que t'as caché des cartouches dans ta batcav' [Ft. Winter]   J + 186 ; Dis-moi que t'as caché des cartouches dans ta batcav' [Ft. Winter] EmptyJeu 5 Mai - 19:06

Bienvenue en enfer, jolie cœur. Un énième soupir s'échappait de mes deux lèvres pincées, le regard porté au loin sur l'horizon d'un monde qui ne me faisait écho en rien. Mes épaules semblaient ankylosées, comme tout le reste de mon corps, d'ailleurs. J'avais l'impression d'avoir dessus le poids d'une réalité déformée. Je me sentais crevée, lassée, vieille, lourde, nauséeuse et putain ce que ça faisait chier. Depuis qu'on m'avait raconté la fin du monde et qu'on m'avait expliqué comme j'y avais survécu j'ai eu du mal à y croire. Et d'ailleurs, je n'ai toujours pas la conviction qu'on m'ait raconté la vérité, du reste je ne suis sûre de rien encore, me concernant, car j'ai du mal à me rappeler des événements entourant cette fameuse apocalypse.


ça pourrait être pire. De nombreux survivants m'ont affirmé que mon réveil aurait pu être pire. Que les premiers avaient été particulièrement douloureux et qu'il n'y avait pas tout ça. Tout ça, faisant référence au confort moindre et aux repas frugal. Ah et l'eau courante, au niveau de la voûte. Je suis littéralement transportée de joie. Ou presque. Je n'arrive pas à être triste et ce n'est pas faute d'essayer de plisser mes yeux en fixant le soleil pour essayer de les humidifier. Quand on m'a annoncé que tous mes proches avaient du périr et qu'il valait mieux que je n'entretienne pas de faux espoir j'ai juste dit « ok » et j'ai investi le centre de soin.


Je ne sais pas comment je vais. Et c'est assez déstabilisant. Mes souvenirs sont diffus et ma tête un véritable champ de mine. Quand j'essaie de me rappeler et que je force les choses, ma caboche se met à lancer douloureusement et je n'ai plu qu'une envie, alors. Me l'éclater contre un casier pour espérer m’assommer suffisamment afin de trouver un peu de repos. D'un coup je m'étends sur le dos, les bras écartés d'impuissance en poussant un autre long soupir. J'ai vu des éclopé traîné dans le coin et d'autres personnes qui semblent avoir survécu à l'enfer. J'ai bien l'impression qu'on ne me dit pas tout, qu'on essaye de ne pas me brusquer, mais j'ai bien vu des animaux dehors. Et quand je parle d'animaux je parle de putains de t-rex. Pourquoi personne ne juge bon de m'annoncer qu'il y avait des choses dehors ? De type sacrément amateur de chair humaine. Ça c'était plutôt pertinent. Quant au reste ? Et bien je suppose que la Quinn d'avant n'était pas une experte en survie, du coup me forcer à me rappeler était inutile, pas vrai ?

Perte de mémoire partielle. C'est ce que quelqu'un de vaguement médecin m'avait sorti pour expliquer pourquoi j'avais tant de mal à me souvenir. Une réponse psychologique au choc. Ce qui expliquait peut être l'absence total de tristesse. Je n'avais pas de proche à pleurer parce que je ne m'en souvenais pas ou vaguement. Mais tout ce que je savais c'est que mes parents n'allaient pas me manquer. Et mes amis ? Et bien, il y a certainement Marcus, mais Marcus n'était pas ce qu'on aurait pu appeler un ami. Et Ted, mais Ted est un connard et ça me ferait sacrément chier si on m'annonçait qu'il avait survécu. Et j'ai bien l'impression que j'en connais beaucoup, des connards. Alors à la place j'abîme mon regard et je réfléchis. Je fixe les gens quand ils pensent que je ne leur prête pas attention et quand je me rends compte qu'ils ne me semblent même pas vaguement familiers, une immense solitude envahie mon estomac.


Ce n'est pas si grave. De perdre ses repaires. De perdre son ancienne vie. De devoir tout recommencer. D'avoir des dinosaures pour voisins. De ne pas trop savoir si vraiment, je vais bien. Cela semblait être le cas, à part ce mal de crâne carabiné et des trous de mémoires affligeants. Ce n'était-là que des symptômes d'un mal beaucoup plus profond.


J'ai envie de fumer. Et il ne me reste plus assez de cigarette pour espérer tenir plus de quelques jours. À peine. À peine. Je coince une pink éléphant entre mes deux lèvres et je l'allume avec un briquet. Des saloperies blondes à la rose qui embaument l'air et me fait rire de désespoir. Comment on fait pour arrêter de fumer? Parce que j'y serai contrainte et forcée. Dans mon sac, j'avais à peine de quoi m'habiller et baiser, mais d'après les gens du coin toutes les capotes que j'avais jugé bon de conserver pour la fin du monde étaient toutes périmées. Je devais avoir un sacré sens de l'humour. Et il me semble que j'en retrouve un peu les réflexes de jour en jour, mes jurons et mes remarques sarcastiques s'enfilent sur ma langue sans peine ce qui me donne une vague idée de la personne qu'était Quinn. Si on m'avait demandé à quoi je passerai mes derniers jours, il me semble que la réponse aurait pour moi : « fumer et m'envoyer en l'air ». Je devais être carrément plus marrante que cette masse soupirante que j'étais devenue.

Je me retournais, en entendant un bruit sur le côté, peut-être qu'on tirerait le rideau pour me dire que finalement ils avaient décidé de me faire tester leurs antalgiques malgré la date de péremption, ce qui, pour le coup ne me dérangerait pas. Ou alors, ils venaient pour me piquer mes clopes dégueulasses pour en dealer quelques unes dans le camp ? Je me redressais pour déposer nonchalamment de la centre sur le sol et plaquait mes cheveux en arrière pour prévenir avant même d’apercevoir la tête de l'intrus.


- Désolée mon cœur, mais je partage pas ma nicotine, pigé ?

Plutôt crever maintenant.
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Winter Thornell
Bêta
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MessageSujet: Re: J + 186 ; Dis-moi que t'as caché des cartouches dans ta batcav' [Ft. Winter]   J + 186 ; Dis-moi que t'as caché des cartouches dans ta batcav' [Ft. Winter] EmptyLun 9 Mai - 20:50


186|FT QUINN
Depuis ta dernière escapade en forêt (et eh, au moins maintenant tu sais que vous n’êtes pas censés vous balader comme ça, étant donné que jamais te serait venu le bon sens de le déduire tout seul), y a rien eu de bien intéressant. Après la nouveauté, l’étrangeté du premier mois, tu sens ton humeur habituelle comme — retomber, s’essouffler est peut-être un mot plus correct. La fin de votre ère d’origine a laissé place à une étrange routine ; et t’as pas le cynisme nécessaire pour te gausser de l’ironie présente dans la débâcle du confort d’une civilisation passée, dans le retour à la vie presque au grand air.

Et c’est pas que t’aimes pas camper, t’as passé assez de temps à te casser pour des road trips sur un coup de tête pour que n’importe qui puisse encore en douter ; et t’aimes le dehors, même si c’est pas forcément ton milieu primaire ; et tu ne te plains pas, parce que de toute façon tu ne peux rien faire contre ; et peut-être que justement t’as tout trop bien pris, et que ça ne te rattrape que maintenant. Pourtant tu sais, rationnellement : tu sais depuis que tu l’as compris, à la sortie de ton cryopod, pour une partie, et depuis que d’autres, là depuis plus longtemps, te l’ont expliqué, une fois sortis de la Voûte. Tu sais. T’as enregistré les faits dans un recoin de matière grise. Là. Et une fois les données reçues ce serait le temps d’interpréter mais —
Mais.

Ça t’irrite, t’énerve, cette impression de tourner en rond dans une pièce entièrement close, d’faire les cent pas dans ta tête, mais assis en plus, parce que tu ressens le tout comme au ralenti, mou, comme si le monde entier s’était avachi, las.
(Te reviens ce tic alarmiste ; parce que tu sais que quand tu commences à conceptualiser, c’est que rien ne va plus.)
(Alors tu t’enfouis avec une hâte creuse dans ta fuite en-dehors usuelle.)

C’est comme ça que tu finis au centre de soins. Bien sûr, t’y as été, t’as soigné l’un ou l’autre, mais y a comme un malaise entre toi et l’endroit, ou plutôt entre toi et l’occupation, en fait : après tout, la médecine générale n’était pas ton domaine. (Et c’est bien pour ça qu’on te voyait plus à te rendre utile aux abords du camp qu’en ta qualité de Bêta, comme l’on t’avait classifié à ton réveil.) À nouveau, t’es incapable de faire abstraction de l’impression, et ça te fatigue, vraiment (d’être incapable de comprendre ton propre fonctionnement, de réarranger les rouages pour enfin sortir de ce brouillard émotionnel, de sortir), ça t’sapes.

Il y a les invalides habituels, ceux qui sont là pour une longue durée, parce blessés par l’une des bêtes impensables qui grouillent dehors, ou parce qu’ayant subi des dégâts durant leur sommeil cryogénique, et depuis l’un des lits, aux rideaux tirés, dont tu ne connais l’occupant, te parvient le bruit d’un briquet qu’on actionne, et avant même que tu n’aies le temps de relier l’odeur particulière à celle que tu as vite appris à y associer, deux foulés souples t’ont mené jusqu’au lieu du pseudo-crime, et tu as déjà tiré le rideau.

L’étonnement ne se lit qu’une fraction de seconde sur ton visage (ton sourcil qui se hausse, les coins de ta bouche, précédemment pincés, qui retombent, neutres) ; avant que l’émotion n’y retourne (et si ton sourire reste subtil, tu sais qu’il a, dans sa spontanéité, atteins tes yeux), ne se relaie dans ta voix, lorsque tu enchaînes, sans laisser à une pause le temps de s’immiscer entre vous.
» Oh, comme si personne d’autre que toi n’avait jamais voulu de ces horreurs que tu oses qualifier de cigarettes.  
« Tu peux te les garder, t’façon » tu lui avais déjà un jour répondu (dans une autre vie, peut-être).
Tout en toi, du ton à la posture, sourd la moquerie.
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Quinn Stanford
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MessageSujet: Re: J + 186 ; Dis-moi que t'as caché des cartouches dans ta batcav' [Ft. Winter]   J + 186 ; Dis-moi que t'as caché des cartouches dans ta batcav' [Ft. Winter] EmptyMar 31 Mai - 15:18

Quand tu tires les rideaux, moi je suis engoncée dans ma prétention et mes manières. Reine et sereine, je tire jusqu'à trouver un peu de souvenir sur le filtre, mes lèvres me semblent hélas usées. Tellement usées. L'odeur envahie la pièce, tout devient vaporeux et même quand je daigne tourner la tête pour entrapercevoir un regard, l'irréel de la situation ne s'ébranle même pas. J'ai toujours l'impression d'être dans un putain de cauchemar. Pourtant y'a un truc qui me fait plisser les yeux. Tendre l'oreille. Qui me fige. Qui m'assassine et me fait remettre. Tout ça en même temps, je te jure. C'est une voix qui m'ébranle, la tienne, car il me semble bien y déceler quelque chose de familier. Et même dans ta façon de me dévisager, comme si j'avais un troisième sein sur le front, mon cerveau tilte bien avant que l'information ne se fraie un chemin jusqu'à ma compréhension. Je te connais. Je reconnais quelque chose, quelqu'un. Et c'est bien la première fois depuis une éternité que cette sensation m’envahit.


Et alors je m'étiole. Lentement. Mais ça arrive. Je perds de ma superbe et ma putain de mélancolie s'évade dans la fumée qui s'échappe de mon nez. Je voudrais balancer la cigarette pour te sauter au cou, mais je me retiens. Je voudrais te donner un coup de tête sur ton nez d'enfoiré pour te demander où t'étais planqué tout ce temps, mais là encore je me retiens. Mon visage se fend - puisque avant j'étais faite de marbre et de cuivre rouillé - un instant, l'instant où ma paupière tremble une larme de soulagement. L'instant où ma lèvre murmure sans que j'en comprenne réellement un traître mot. L'instant où mon esprit s'ébranle tout entier. L'instant où mon corps s'élance, visiblement pressé d'aller vérifier que toi t'es pas une illusion de mon esprit malade. Je sais pas trop quelle tronche je dois bien présenter, là tout de suite. Mais j'ai une certitude. Quelque chose qui me soulage et me donne envie de tout valdinguer, de tout envoyer promener. De rire encore et encore jusqu'à ce que j'en perde le souffle parce que la bonne nouvelle s'insinue lentement, mais sûrement mes veines pour battre puissamment.

J'ai existé.

Et c'est une certitude maintenant. Tu sais qui je suis. Je sais qui tu es. Je le jure que je le sais, mais j'ai juste oublié ton nom et tout ces trucs qui font qu'en ce moment, je m'effondre de l'intérieur un putain de soulagement caché quelque part dans mes lèvres et mes phalanges. Je presse mes paumes contre ton visage. J'ai les genoux qui tremblent désagréablement, mais tu me donnes l'impression d'être la pièce qui manquait là, quelque part dans mon esprit. Les choses se remettent en place. Peut-être. C'est diffus et clair, pourtant incompréhensible. Une sensation accrochée à mes dix doigts qui me fait t'observer de près comme si j'allais lire sur ton visage l'histoire de ma vie entière. Un truc de sûr, de certain. T'es tangible. Je suis tangible. Cette sensation n'est pas une impression. J'ai existé putain et j'existe toujours.


Mes sourcils se froncent et mes dents scient le filtre de ma clope dont la cendre rougeoie un peu trop. Mais je m'en balance, je m'en balance et je dis :

- T'as un œil en moins. Tu devrais pas en avoir un en moins. Parce que j'ai le souvenir d'une belle paire d'yeux rieurs. Mon iris se fige dans ton unique et j'essaie de comprendre. De décrypter. - Bien sûr que tu voudrais de mes clopes si c'étaient les dernières de l'univers. C'est peut-être le cas putain. Je me raccroche et je parle, je relâche ton visage pour prendre le mien et lisser de nouveau mes cheveux. Je me tortille jusqu'à mon lit de fortune et je m'y affale sans grâce aucune. J'ai un sacré mal de crâne, quelque chose qui me vrille les tempes et me donne la gerbe. Je ne me suis jamais sentie aussi bien depuis que j'avais ouvert les yeux. Paradoxalement.


Alors je me mets à rire, toute seule et je dois avoir l'air conne, bien conne. Mais je m'en fous, je m'en fous tellement. Parce que j'ai devant moi la preuve vivante que Quinn était bien réelle et pas une invention de mon esprit qui tente de reboucher les trous de ma foutue mémoire.


- Ce qu'il y a de drôle c'est que je sais foutrement pas comment tu t'appelles, trésor.

C'est pour ça que je ris comme une attardée. Sûrement. Que j'ai envie de chialer aussi. Sûrement. Mais je le ferai pas, parce que c'est pas le moment. Parce que je me rappelle que Quinn aimait pas trop chialer devant les gens. Et que je m'appelle Quinn.

- Si je te jure c'est carrément hilarant. Comme cette foutue fin du monde. J'essaie de calmer les soubresauts plus nerveux qu'enjoués de mon estomac. Il me faut bien quelques minutes pour arrêter de me marrer. Et pourtant t'as encore rien dit de particulièrement marrant, mais je sais déjà que t'es le genre de type avec qui j'aimais bien rire. C'est une certitude. Je récupère ma cigarette entre mes deux lèvres, parce que je remarque que ça fait quelques temps que je tire plus rien et qu'il faudrait pas que j'oublie que j'avais carrément besoin de ça pour me remettre et que je suis une incorrigible fumeuse.


- Dis-moi qu'il reste encore de l'alcool, des cigarettes et des gens marrants ici à se taper, Batman, dis le moi, parce que depuis que j'ai croisé un t-rex – je te jure personne ne juge bon de m'informer qu'il y a des putain de monstre dans la jungle – j'ai surtout envie de m'injecter un cocktail mortelle dans le pli du coude. Et ça franchement je suis carrément sûre que ça me ressemble pas.



PS; je change de narration, c'est ce qui me venait naturellement, tu me dis si je dois changer, des bisous ♥
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Winter Thornell
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MessageSujet: Re: J + 186 ; Dis-moi que t'as caché des cartouches dans ta batcav' [Ft. Winter]   J + 186 ; Dis-moi que t'as caché des cartouches dans ta batcav' [Ft. Winter] EmptyVen 3 Juin - 15:53


186|FT QUINN
Mais oh, pas pour si longtemps, car si tu tiens sous son regard, par habitude, si tu t’engonces dans ta raillerie, alors qu’elle tire sur le filtre comme si c’était sa première lampée d’air frais après avoir échappé à la noyade, alors qu’elle se fige, le temps d’un clignement de paupière, alors que ses traits se froissent, et — se défont. Dans le regard, elle a quelque chose qui tombe, repart (la naissance d’une larme), et une fébrilité qui lui court au bout des doigts, jusque sous ses prunelles, où ses paupières sont parcourues d’infimes tressautements (ravale la traîtresse saline) ; imbriaque, presque. Tu sais pas. T’interprètes pas.

Parce que si, d’après le tiraillement au coin des yeux et à la commissure de tes lèvres, tu dois arborer des expressions pour le moins semblables au déferlement émotionnel qui saccage ton vis-à-vis, tu serais pas foutu de décrire ce que tu ressens (tu l’as jamais été). Un bordel sans nom, de regards qui finissent par s’adoucir (tu craques enfin) et de sourires qui divulguent, les faibles, l’attachement. Le soulagement. La pure joie. Tu sais pas.
(Tu t’en fous.)

T’as ses mains sur tes pommettes, et le bout de sa clope trop près du nez. Tu sens plus grand-chose d’autre. Tu t’en fous. Invasif que tu es, t’es à deux doigts de la prendre dans tes bras, de retrouver un contact connu et ami, et pourtant tu bouges pas. Tu sais plus quoi faire de toi-même, tes actions tes réflexions tes expressions. Pour une fois, tout est trop, même lorsqu’elle rompt et reprend ses distances, que le vide t’écrase tandis que tu la vois répéter ce geste que tu lui as, il te semble, toujours connu. Dans son manque d’assurance, sa fébrilité, il sonne faux. Un peu comme le sourire qui, à ses paroles, s’est avancé à hésiter, a tremblé, trop triste pour que tu ne l’aies réellement laissé s’échapper.

Alors tu la rejoins, t’assieds au pied du lit, jambes étendues devant toi, et dans ton trouble, t’as oublié de te placer du bon côté. Elle rit, tu soupires. T’attends. Ricanes.

» Winter. Tu venais d’arriver à Wooden Cove et expérimentais la pire rage de dent de ta courte existence. Premiers mots échangés : « t’aurais pu mieux m’anesthésier, connard », suivi de « c’est rare que j’en rencontre avec le crâne aussi épais, c’pour ça ». On n’a pas fait long feu.

Même si t’y vois pas clair, tu supposes que c’est l’intention qui compte, et tu te retournes vers sa forme, avachie sur le lit d’infirmerie, la fixes, la désignes du menton, inclines la tête à droite, laissant les mèches trop longues recouvrant partiellement ton œil aveugle glisser sur le côté. Manière comme une autre de désigner vos limitations respectives.

» Quant à ça… Disons qu’il y en a qui ont mieux pris le passage au congélo que d’autres. T’es pas la seule à avoir oublié. Certains se souviennent plus rapidement que d’autres.

Si tu ne t’attardes pas davantage sur le sujet de son amnésie, c’est parce que tu ne peux rien faire à son sujet à part mettre à sa disposition toutes les informations que t’as amassées à son sujet, et voir l’étendue des dégâts que sa mémoire a subit.
(Et à vrai dire, t’as plus l’énergie nécessaire pour en paniquer. T’es sapé. T’arrives même plus à donner le change. Tu pourrais te frapper, mais ; comme dit.)

» T’es mal barrée, Stanford. Ton paquet à la rose ? Probablement le dernier. Et pour l’alcool, à moins que t’aies envie de voir avec moi comment une bouteille de whiskey de 2040 a tenu la route, on en est au même point.

Si l’apocalypse t’a fait te réjouir à un propos, c’est d’avoir drastiquement baissé ton taux de nicotine après l’université. L’histoire de la bouteille n’est même pas à moitié sérieuse ; tu sais pas combien de temps vous avez passé en cryostase, mais vu l’évolution de l’extérieur, il ne reste de l’alcool que des dépôts. C’est juste une excuse pour tirer un coin de tes lèvres un peu plus haut.

» Les gens, c’est comme partout je suppose, y a du bon et du mauvais. T’auras peut-être remarqué qu’on a tous entre quinze et trente-cinq ans environ. Tu réalises que tu ne sais pas quand elle était sortie de la Voûte. T’es là depuis longtemps ? Le ton de ta voix ne laisse pas place à l’équivoque. Si t'étais venue ici pour autre chose qu'échapper à l'extérieur, j'dois t'admettre qu'on a pas beaucoup avancé en matière de pharmacopée.

« Désolé, » t'aurais juste pu dire.
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