La brume était pâle. Elle s'étirait autant qu'elle pouvait, déchirant sa peau de lune pour ne laisser paraître que le vide de son vrai visage. Mais elle l'arborait, elle exécrait ses traits de rien alors elle retrouvait sa blancheur passé, futilement, avant de revenir au rien dans un souffle.

Et il t'en avait fallut du temps, pour comprendre que se souffle était le tien, que cette buée paniquée s'échappait d'entre tes lèvres et que tu ressentes enfin la difficulté à attraper une malheureuse goulée d'air. T'avais les yeux explosées et les larmes coulaient d'elles mêmes, rendant ta vision encore plus réduite qu'elle ne l'était déjà. Si tu avais pleinement contrôle de tes lèvres, c'est une belle portée de jurons que tu n'aurais pas hésité à lâcher.

Mais à l'image de ce morceau de chair, ton corps semblait hors de ta porté, un peu comme lorsque tu t'endormais sur l'un de tes bras et qu'il était totalement engourdi par la suite. Tu ne te souvenais pas avoir connu pareil réveil un jour et d'ailleurs, tu avais même du mal à remettre tes idées en place. Bon sang, tu avais bien trop froid pour ça. Alors lorsque le mécanisme du pod se mit en place et que la voix pré-enregistrée débita son monologue, tu n'étais pas prête, vraiment pas.

La chute fût douloureuse, t'avais bien tenté de résister mais tes genoux t'avaient envoyés paître et tu n'avais même pas sentit les rebords de la cabine en essayant de t'y accrocher. Tu ne sais combien de temps tu étais resté ainsi, face conte terre, la lumière de la cabine t'agressant les yeux, mais la seule chose de productive que tu avais pu faire fût un long râle guttural. Et réfléchir à la situation aussi, dans l'état actuel des choses, tu ne pouvais pas faire plus.

Le nom de Cryolab te disait vaguement quelque, tu te souvenais d'une bonne rigolade avec ton frère aînée et d'un tailleur trop bien repassé. Pour une raison qui t'échappais, plus tu essayais de remettre les morceaux en place de ce qui c'était passé la veille pour que tu te retrouves dans l'espèce de suppositoire qui te faisait face, plus ça t'énervait. Qu'est-ce que t'avais foutu pour te retrouver à dormir dans un congélateur sérieusement, sans parler de cette combinaison qui commençait à te taper sur le système.

C'est en louchant sur le fameux compartiment que tu décidais enfin de te lever. Tout du moins, ton esprit. Ton corps lui, en bon colocataire de vie, se contenta de te fournir de quoi rouler jusqu'au rangement et de se bidonner en grelottant de froid. Autant dire que lorsque tu réussis enfin à te changer, c'était déjà quelque chose.