Everest in your blood.

why i'm here?

Bruuuuh!

Était-ce un état de gelure extrême ? Maintenant, même les tissus de peau que je n'avais jamais ressentis, auparavant, décidaient de pointer le bout de leur 'nez' pour couronner leur existence. Une vague se fracassait contre les parois de mon crâne, cette simple malencontreuse sensation était efficace pour que je décide de tenir ma tête, telle une damnée, pour la balancer de l'avant vers l'arrière. Mes doigts se serraient contre ma chevelure mêlée, ma racine semblait en état d'ébullition et ma nuque, elle, voulait s'arracher pour ne plus connaître cette douleur interminable. Mes mains glissaient contre un mur qui semblait trembler sous mes doigts qui redécouvraient le touché. Ma tête tournait telle une toupie avec laquelle on s'amusait à faire tournoyer. Un peu comme un satellite autour de la Terre. Mon souffle se terrait au creux de mes poumons. Cette air contagieuse semblait cristalliser mon corps dans une espace temporelle infinie. 

Un pas en avant. Un essai pour vivre, une tentation pour une survie et un geste pourtant déjà acquis qui semblait s'être perdu. Mes genoux semblaient fléchir pour que je me plie à ces supplices contraignants. Je refusais. Sur le coup, le tintement que provoquait mes pieds, fracassants maladroitement le sol, me surprit. J'avais l'impression de devoir danser une valse à l'envers. Ma respiration éreintée devint courte quand ce bruit mécanique, à l'intonation artificielle, avait fait surface. 

« Cherry B. Nyx, vous arrivez au terme de votre séjour dans un cryopod de la société Cryolab. Il se peut que vous ressentiez un léger malaise et/ou des étourdissements en ré-intégrant l'atmosphère extérieure... »

Mon corps voulait sursauter, mais ma tête elle réagissait comme une femme des cavernes qui venait à peine d'ouvrir les yeux sur un monde nouveau. Mon ouïe se prêtait à un désir de tout entendre les moindres bruits. Je me focalisais sur ces moindres choses qui me faisait ressentir quelque chose. Ressentir... c'était une chose que j'avais su laisser derrière moi. J'étais comme un être naissant. Apeurée, mais curieuse. Mes genoux se pliaient au moindre mouvement, raaah ce mal de bloc ! Mes prunelles émeraudes ne voulaient pas s'ouvrir complètement. Mes paupières avaient peut-être peur de confronter la réalité, cette nouvelle réalité, à nouveau ou peut-être... de simplement confronter pour la première fois cette lumière de vérité. Il n'y avait personne. Aucune chaleur humaine, aucune chaleur maternelle... ou même familiale. Mes pensées subsistaient dans un moment importun. Tous mes souvenirs semblaient se défiler comme un torrent dans ma tête et je les analysaient sans rien comprendre. Cependant, je ressentais ce vide que l'on ressent en étant seule au beau milieu d'une pièce silencieuse et inconnue. Encore une fois, ce son robotique revenait écraser cette quiétude.

« Vos effets personnels vous seront rendus à l'aide des compartiments usités à votre arrivée ici, se trouvant sur la droite de votre pod. La société CryoLab vous souhaite un agréable réveil. »

Mes effets personnels ? Ceux que je tenais dans cette petite valise brune, mais certainement vieille. Ce vieux truc aurait pu s'appeler ' antiquité '...

La réalité venait une nouvelle fois me cogner au nez. BAM. Eeeet le but! Hélas, non. Un haut de cœur à se prendre un malaise coriace. Eh ouais, mon nez avait su faire connaissance, dès le premier jour, avec le tendre et froid plancher. Un grognement de mécontentement presque sifflé. Ça avait le tour de me rendre d'un point de mauvaise humeur.

À bout de souffle. Mes jambes semblaient vouloir m'abandonner pour mon plus grand malheur. Mes doigts, eux, tremblotaient au moindre mouvement effectué. Misère. Une respiration, une expiration et j'étais sur pied, une nouvelle fois, comme si rien ne s'était passé. La fierté passait avant tout.  

Je contenais cette peur qui quant-à-elle sillonnait mes entrailles. Un pied à la fois. J'allais réussir. Je n'allais pas abandonner. Ce n'était pas un réveil commun, mais le début d'un nouveau calvaire. Pour mon plus grand malheur, d'un sens, je l'avais déjà accepté.

C'était sans attendre une minute de plus que je me retrouvais devant ces compartiments qui me dérobaient ces seuls liens avec mon passé. Je devais à présent l'oublier et garder ces derniers vestiges en tant que souvenirs médiocres.

J'avais ce mal...

Un mal qui se creusait.

Je ne reverrais plus tout ce que ma vie avait construite autour d'elle. J'étais seule. Alone. Ce mot résonnait dans les tréfonds de mes songes. J'aurais voulu mourir tout autant que vivre. Ma tête était-t-elle dans un rêve ? Sûrement. Je ne pouvais être ici. Pourtant, de l'intérieur je me sentais étrangement morte. Un mort-vivant. Hah! Aussitôt, j'attrapais mes 'artefacts' pour retrouver le confort de mon passé. Des vêtements bien pliés, une odeur de lavande mélangeant la vanille... était-ce mon odeur ? Je ne l'avais jamais ressentie auparavant. Tout doucement, je cherchais à répondre à mes questions.

   

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Bruuuuh!

L'écho de mon souffle venait mélodieusement jusqu'à mes oreilles. J'avais cette impression de voyager dans un espace temporel différent. De tomber, tomber et encore tomber... toujours plus bas. Je n'arrivais plus à bien coordonner mes mouvements, car c'était un effort trop lourd pour un cerveau qui avait l'impression de s'être fait renaître, une nouvelle fois, après une décennie piégée entre deux murs imaginées. Des bribes me revenaient, mais rien ne correspondaient à cet endroit, rien.

Mes paupières semblaient être devenues un champ de mines endolories par des explosions instantanées à la moindre ouverture de paupières exécutées. Mon ventre grognait famine, alors que ma gorge, elle, semblait être devenue le misérable désert du Sahara. Ma tête me tiraillait à coup de marteau invisible. Peut-être un marteau piqueur sur ma tête? Me disais-je quasiment désespérée de cet état lamentable.

Je n'avais pas compté mon fameux séjour dans cette pièce où s'étalait cet objet confectionné dans la plus grande simplicité pour ne pas dire laideur. Ce 'meuble' n'avait rien à plaire mes yeux, étroit, peu confortable à mon réveil et étrangement froid dû à mon retour sur Terre plutôt que dans mes rêveries platoniques. Oh, d'ailleurs, cette pièce était quasiment dénudée de couleur, alors ça n'avait en rien pour rassurer quelqu'un qui venait toujours de s'éveiller. Au moins, il n'y avait rien d'autre pour m'alerter davantage.

Qu'avais-je fais pour me retrouver dans un lieu pareil? La question se posait très maladroitement. De nombreux scénarios mélangeaient ma tête pour ne plus en finir. Conclusion, soit un enlèvement ou bien un rêve. Après tout, il n'y avait rien de charismatique dans cette pièce et cette laideur s'était empirée en voyant que mes vêtements n'enveloppaient plus mon corps, mais plutôt dans une valise grise.

Ma mine frigorifiée prit une toute autre allure lorsque je voyais une silhouette vagabonder contre le plancher. Une ombre ? Tout s'était éclaircis lorsque mes lèvres se reculèrent dans un mouvement de mâchoire peu charmant. La surprise. Mon corps qui voulait à ce moment-là ne permettre aucun touché retombait sur ses fesses en un rien de temps. C'est à ce moment-ci que je sentais deux bras forts me soulever dans la plus grande douceur possible, je cite... ceci est sarcastique. Je sentais mon cœur se soulever dans un mouvement de torpeur, alors que je me calmais pour ne pas me vider de mes tripes.  

▬ Hé, wow, ça va ?

Mon visage était devenue blême. Je ressemblais à un canevas inachevé ou encore à une gomme à mâcher dépourvue de couleur. Mon minois qui tirait des traits de somnolence, mais aussi d'un mal de cœur présent ne pouvait plus à présent reprendre ses couleurs. Vivement redescendre sur Terre. Pour quand mon réveil matin sonnait déjà ? Eh merde. La chyme de mon estomac semblait bouillir comme une casserole prête à déborder, mais je ne sentie que ma bile qui  venait frôler l'ouverture de mes lèvres avant de plonger dans mon pauvre pharynx à nouveau. Mes yeux étirés avec effroi n'aidait pas à cette pâleur presque morbide.

▬ Comme tu peux constater, je-euh... j-je n'ai ja-

Et voilà que je bloquais sur un mot comme une sans-dessin qui avait effacé son dictionnaire imprégné dans ses songes.

▬ JA-mais.

Ah! Voilà !

▬ Je n'ai... jamais... été aussi bien !

Disais-je avec les traits de mes sourcils arqués tel un arc-en-ciel décoloré. Je tentais maladroitement de me défaire de son emprise et de me remettre sur pied comme si la pitié ne m'était aucunement permise. Non, ce n'était pas de la pitié, mais plutôt ma fierté qui en prenait un coup. Déjà, c'était gênant d'afficher une telle tronche valétudinaire ou pour être moins poète ; maladif.

▬ Franchement, cet endroit manque de style. J-j'aimerais bien... rentrer chez moi, m-maintenant, besoin d'une rançon ?

Autant ne pas passer par quatre chemins.

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Bruuuuh!

Je me sentais comme un oiseau que l'on tenait en cage, sauf que cette fois-ci c'était peut-être mieux. J'avais l'impression que mes forces allaient m'abandonner et que mon corps se fracasserait comme une nouille contre le sol. Finalement, au fur et à mesure que le temps passait, je m'adaptais à cette prise brusque. Après tout, ce n'était pas tous les gens qui savaient comment s'y prendre avec des personnes plus chétives. Puis, bon, il fallait se rendre à l'évidence que ce ne serait pas mes petites attaques de mort-vivante au ralentie qui me sortirait de là. D'ailleurs, cet homme ne m'avait rien affligé. Je ne pouvais que me contenter d'attendre que tout rentre dans l'ordre.

Ma cavité buccale étant pâteuse ne pouvait que m'apporter de l'inconfort à chaque parole dite. J'avais cette impression d'articuler comme quelqu'un n'ayant jamais prononcé une seule parole dans sa vie. Ma tête semblait ailleurs, alors que mon corps devait rester encastrer dans cette salle. C'était si étrange et lugubre comme sensation. Je ne pouvais que réprimer un air de fatigue absolue mélangé avec de l'incompréhension. Qu'est-ce que c'était gênant d'être dans un état si affreux. Mes paupières se soulevaient, une fois de plus, à l'entente de ce timbre de voix masculine.

▬ J'avoue que ça manque de style, et non, pas besoin d'une rançon. Et arrête de gigoter comme ça, tu vas plus te faire mal qu'autre chose, j'vais pas te bouffer tu sais.

Ce n'était pas comme si j'avais l'air d'un chewing gum aussi. Si ? Bon, pour un idiot, peut-être. Malgré tout, ce teint et cette chevelure collée au visage n'avait en rien l'air de quelque chose ' d'appétissant ', et puis j'étais une humaine quand même. Au moins, je n'étais pas dans un camp de cannibales, une chose de plus qui était rassurant. Avant de devoir vivre sa frustration, j'avais décidé d'arrêter de ' gigoter ' dans tous les sens du terme. Gigoter, j'essayais seulement de trouver le confort d'une position qui ne me donnerait pas l'envie de gerber sur nos pieds. Heureusement pour lui, je n'étais pas de mine à vouloir faire la tête et faire comme bon me semble. Normalement, j'aurais été claire sur mes intentions de ' gigoter '.

▬ Moi et c'est Ezrah, et toi, à part Malabar, je peux t'appeler comment ?

Mala-Malabar !? J'avais une tête de Malabar, moi !? Ce n'était pas une raison de m'appeler ainsi pour ma chevelure sortant ' juste un peu ' de l'ordinaire. Et puis, bon, j'avais quelques 'petites' repousses. Je lui aurais bien collé ' son cher Malabar ' dans le fond de la gorge pour m'avoir ainsi surnommé. Je sentais désormais mes sourcils s'arquer en un trait de frustration sous mes quelques cheveux et ma frange. Heureusement que je n'étais pas en état pour répliquer de n'importe quelle façon qui soit. Mais... bordel que c'était vachement bon les chewing gum à la fraise.

▬ Malabar à la cerise, enchanté ! Nan, je rigole, moi, c'est Cherry.

Autant blaguer. Éviter de s'attirer des ennuis se devait être la meilleure tactique pour le moment. Déjà que j'ignorais tout de cet environnement. J'avais eu un léger rictus à la prononciation de mon prénom, pourquoi ma mère m'avait décerné ce truc comme prénom ? Oh d'ailleurs...

▬ Oh et puis, où suis-je ? J'ai voulu sortir, mais moi et les labyrinthes à peine éclairés... bah, c'est pas mon talent, hein !

J'avais toujours cette petite peur, ancrée en moi, de lui accorder la parole.

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Bruuuuh!

J'avais pu déceler un coin de sourire sur ses lèvres. Ça avait suffit pour m'afficher un moindre air compatissant à cette aide pour ce réveil brutal. Ma tête tournait comme une toupie qui ne s'arrêtait jamais jusqu'au moindre touché, mais, désormais, j'arrivais à me tenir sur mes jambes même si je fléchissais légèrement. À l'entente de ses mots, je m’assoyais d'un coup brusque comme si je ne demandais qu'à rester contre le sol. Après tout, j'avais l'air un peu moins idiote à ne pas vaciller des jambes et d'un autre côté il comprenait que celui-ci devrait répondre à plus de deux questions comme il avait cité précédemment. J'avais légèrement sourciller, après avoir comprise qu'il venait encore de me surnommer '' Malabar ''. Heureusement que je lui en devais une pour m'avoir aider ce matin-ci. Ainsi, je ne le corrigeais pas pour m'avoir accorder ce surnom sur ma propre identité.

Après un moment, je sentais quelque chose se poser presque doucement sur mes épaules. Quelque chose de fort réconfortant et qui me tenait au chaud contre la guerre de cette froideur que je devais vivre. Une couverture avais-je pu entrevoir en tournant mes prunelles émeraudes vers mes épaules. Je perçois tout autant la bouteille d'eau qui vient se poser avec légèreté dans ma main. ▬ Je... oh-merci ! disais-je d'un ton qui prouvait ce remerciement sincère. Je prend mon temps de l'observer d'un air perdu comme si cela faisait un moment que je n'avais pu voir l'eau submerger une bouteille. Je l'ouvre directement avant de prendre une gorgée. Une légère douleur vient envahir ma gorge pour se poursuivre le long de mon œsophage, au contact de l'eau froide sur ces parois sensibles et presque sèches.

▬ Si t'as envie de dégueuler, hésite pas, tu serais pas la première.

J'hoche la tête d'un mouvement positif en prenant une deuxième gorgée qui cette fois-ci plaît à mon organisme et l'hydrate. Ce mal de cœur commence à diminuer lentement, mais persiste toujours un peu, malgré tout. Je fixe le sol qui semble aussi macabre qu'un film d'horreur avant de le remonter vers les murs de la pièce aussi froids, j'affiche un petit sourire d'incertitude en ne reconnaissant toujours pas le lieu. Arf que se passe-t-il ? Avais-je perdu conscience de ce qu'il s'était passé avant mon arrivée ici ? Je mâchouille presque ma lèvre inférieure en réfléchissant ce qui est une petite habitude régulière lorsque l'anxiété commence à m'envahir. Je ne laisse pourtant rien paraître.

▬ J'ai tant de questions, mais je vais choisir l'essentiel. Premièrement, pourquoi suis-je ici ? Pourquoi je ne me rappelle de rien ?

Je me gratte la tête en lui jetant un petit regard en quoi comme si je pouvais y déceler une quelconque réponse. J’espérais tout de même de sortir de ce trou avec une ambiance positive dans mes songes. Je replace quelques mèches de cheveux, tout en me tenant sur mes paumes de mains à l'arrière de moi en raccordant mes œils fixes contre le plafond. Puis, je dirige une nouvelle fois mon regard interrogateur vers ce dénommé Ezrah qui porte cette chevelure en désordre. J'avoue avoir un petit sourire en coin en décelant cette petite pensée amusante, mais je ne pouvais nier que mon apparence était réellement plus pire que quelques mèches en pagaille.

   

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Bruuuuh!

Je sourcille légèrement. Les questions taraudent la moindre de mes pensées. Ma tête semble vouloir presque éclater. Ça aurait été une méthode pour me faciliter les choses. Crever ici avec la tête enflée. Mon corps ne tremblait plus et il relaxait à présent. La joie d'être assise, je la ressentais. C'est donc de ça qu'il s'agit lorsqu'on mentionne ' les petits plaisirs de la vie'. Cela existe donc. Je l'entend me demander quel était mon dernier souvenir. Pourtant, je ne peux le pointer du doigt exactement. Je ne me rappelle que de quelques bribes. Choc émotionnel, sûrement. Je ne me souviens aucunement d'avoir encastrer mon corps dans cet objet froid. Tout ça est un grand malheur à résoudre dans ma tête. Je ne dois pas être la seule.

▬ Je n'arrive pas à bien m'en souvenir, en fait. À ce que je sache, je ne me remémore aucunement le fait que j'ai mis les pieds là-dedans.

Je pointe d'un mouvement de menton en direction de cet objet que la voix robotique citait ' cryopod '. Je n'aime pas ce nom. Un nom que je n'ai jamais vu dans le dictionnaire, d'après mes souvenirs. Crypod. Ça me dit quelque chose et en même temps... tout est source d'incompréhensibilité.
Peu importe, tôt ou tard, mes souvenirs reviendront faire surface. Il me faut simplement du temps, je crois.

Je posais maladroitement la bouteille contenant de l'eau de ma main droite qui se remet à danser quasiment. Un bruit sec, mais court. Un tintement presque. D'ailleurs, pourquoi je parle du son que produit la bouteille ? Rahlala!

▬ Je sais... par contre, que j'avais signé des papiers.

Ah, oui, c'est exactement ça ! Je suis censé m'en souvenir ? J'espère bien que ce n'est pas un crime cette réponse. Néanmoins, je n'en suis pas convaincue que cela ait un rapport en commun avec mon arrivée dans cette pièce étrange. Je me courbe légèrement vers l'avant en m'étirant. Un petit soupir vient s'extraire de mes cordes vocales. Quel ennui de ne se souvenir de rien de concret ou ... d'utile.
   

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Bruuuuh!

Je n'arrive pas à mettre le doigt sur la vérité. Je sens qu'avec ce jeune homme à la tête brûlée je vais le savoir d'une manière plutôt rapide. Dans chacun de ses gestes brusqués, j'arrive à en déduire qu'il préfère les manières rudes, comme des commandes, plutôt que des réveils de gens bidons tel que moi. Je craque mes phalanges d'une manière éphémère, alors que celui-ci affirme que je ne répond pas parfaitement à sa question. Je ressens dans les mots qu'il emprunte que cela le tique. J'ai un petit rictus en coin à cette pensée.

Je ne bouge pas d'une plume. Le temps semble figé. Le silence me compresse de l'intérieur. Je sens qu'une nouvelle s'apprête à faire surface et qu'elle ne sera pas nécessairement positive. Non, elle ne le sera aucunement. Sinon, tous l'auraient dit sans une moindre hésitation. Je ne peux qu'entendre un soupire. Le sien. D'après ce son, il témoigne l'abandon des secrets. Je vais enfin le savoir. M'enfin, plus que ces questionnements me taraudent et plus je m'inquiète à propos de ce qu'il gardait, avant, pour lui. Ce Ezrah reprend une position pour s'accroupir face à moi, yeux à yeux, je sens que rien ne s'annonce gagné d'avance. Rien de bon, pour le moins.

▬ Une guerre nucléaire a éclaté. Cryolab a réussis à sauver certain d'entre nous, grâce aux cryopods. Ca te dit quelque chose ?

Aucun son ne se fait entendre. On peut quasiment entendre le froid glacer chacune des parcelles de mon visage. Mes jointures semblent craquelées. Je ne sais comment réagir. Rire ? Non. Pleurer ? Pourquoi s’apitoyer sur mon sort ? Je n'ai que simplement fait un geste positif de la tête en entendant sa question raisonner comme un écho perdu. Quatre trucs importants s'éclatent dans ma tête ; guerre nucléaire, Cryolab, sauver certain ainsi que cryopods. Je me souviens d'aussitôt de Cryolab. Tout concorde ensemble. J'exprime un trait de compréhension. Je lève un sourcil en le défiant presque du regard. Je viens de tout assimiler. C'était donc cela. À ce que je sache, je n'allais pas revoir ma famille de sitôt. Je marque mes lèvre d'une légère angoisse. Eh merde qu'allais-je faire, maintenant ?

▬ Ouais, ça me dit quelque chose. Alors, je dois simplement comprendre qu'ici c'est une ' nouvelle ' vie ramenée à la case de départ ?

Je dois avouer que mon ancienne vie n'allait pas tellement me manquer. J'aurais cru, précédemment, sauter de joie à cette nouvelle. Des dizaines de fois, auparavant, je m'inventais des scénarios de toutes sortes si on m'offrait la possibilité de recommencer à zéro. Maintenant, je ne peux qu'acquiescer de la tête et ne ressentir qu'un léger mépris envers moi-même. Je suis égoïste au point que les tournures avaient pris pour moi. Voilà que mon 'rêve' se réalise et que je ne peux trouver de joie à y penser franchement.

   

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Bruuuuh!

J'exprime un léger sourire presque imperceptible, mais pourtant présent. Il s'acharne à tout porter mes bricoles d'une main, mais tout me surprend davantage quand je le vois aussi me diriger une main vers moi. Comme si ce n'était pas assez. J'affiche une moue déconcertée, mais je garde mes grondements pour moi-même. Il en fait déjà assez pour supporter mon tempérament matinal. Je ne peux qu’acquiescer d'un mouvement de tête, lassée de l'endroit, lorsque ce jeune homme déclare qu'il était temps de mettre les pieds hors de ce trou à rat.

À quoi ce dehors ressemble-t-il ? Plutôt campagne ou une ville mouvementée ? M'enfin, j'espère pouvoir utiliser mes propres talents en médecine pour recourir de l'aide aux autres ou du moins... peut-être pour m'apaiser moi-même à cette nouveauté brusquée. Je suis bouleversée, mais je n'en laisse rien paraître. Je n'ai jamais été de ce type de personne qui verse une montagne de larmes, alors que rien ne va s'arranger même si je supplie les yeux rouges et bouffis. Étrangement, je ne peux que sourire et dire adieu à l'ancienne personne que j'étais. Ça ne semble pas tant difficile, cependant... je ne peux affirmer que cette nouvelle vie va être plus facile que la précédente.

Pour le moment, je suis heureuse de pouvoir mettre enfin les pieds hors de cette presque pompe funèbre. Je peux sentir les frissons de dégoût parcourir la peau qui recouvre mon échine... lorsque je fixe cette salle où je peux presque croire que ce ce cryopod n'est qu'en fait qu'un cercueil. Je mord ma lèvre de mécontentement. Peu importe. Où en suis-je ? Ah oui, j'ai attrapé sa main pour m'aider à me relever. Poids de plume ou presque. Bref, je ne pense plus qu'à sortir de ce terrier de cafards.

▬ A toi de voir si tu te sens capable de vivre cette nouvelle vie.

Donc, certain ne s'en sortent pas ? Encourageant. Bordel. Au moins, je n'ai pas d'idées suicidaires à l'idée de recommencer une vie. N'était-ce pas mon seul espoir à l'époque de mon ancienne vie ? Oui et à présent tout se réalise. Je ne peux pas refuser une telle opportunité. C'est alors que je croise maladroitement les bras en dirigeant mon regard vers celui-ci en confessant presque que j'accepte de relever ce défi pour le moins particulier.

▬ Pourquoi pas ? Autant relever le défi de ce qui semble impossible à faire.

Je me gratte la tête en fixant les alentours une dernière fois, alors que je m’apprêtais à sortir de la prise du diable ou du moins... du début.    

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