You're on your own
In a world you've grown

La jeune femme sursauta violemment quand une lampe torche illumina un mur, devant. Elle qui s’attendait à voir le danger surgir d’un instant à l’autre, elle fut surprise d’y découvrir une petite dizaine de chauves-souris : Alors c’était elles, les responsables de tout ce vacarme ? Cela lui semblait être une hypothèse peu probable. Entendant un nouveau bruissement venant du plafond, elle leva les yeux… Et resta bouche bée devant le nombre ahurissant de bestioles qui volaient au dessus d’eux. Elle s’attendait à un monstre gros et terrible, et voilà que leurs ennemis étaient petits et d’ordinaire sympathique.

Pourtant, les volatiles semblaient agités, et cela ne présageait rien de bon. Il fallait partir, et vite : Rose et Roman tentèrent de s’échapper discrètement, ce qui n’était pas du tout en faveur de Freya : La discrétion était le dernier de ses domaines. Prenant une grande inspiration, elle risqua quelques pas en avant - Inutile de tenter une retraite par l’arrière puisque toutes les issues étaient bloquées -. Puis un bruit sourd se fit entendre, et Freya ferma les yeux dans un mouvement de désespoir. Elle se retourna en direction du cri de douleur qui était parvenu à ses oreilles, et ne put qu’entrevoir Esteban, et du sang, avant d’être aveuglée par un nuage de pipirapi.

Se protégeant le visage de ses mains, elle encaissa nombres de coups de griffes qui ouvrirent des plaies superficielles, mais douloureuses. Poussant un grognement, elle sentit ses cheveux s’emmêler, puis l’élastique qui les maintenait en chignon se rompre : Son calvaire se termina, et elle prit quelques longues inspirations avant de relever les yeux, remarquant finalement la main d'Ethan autour de son bras ; Il semblait encore tenir debout ; Les bestioles préparaient un second assaut ; La jambe d’Esteban était bloquée ; Ses compagnons courraient un grave danger ; Où étaient passées les deux bêtas ?

Freya les chercha du regard, et les vit se diriger vers Esteban. Rejoignant le groupe, elle rangea son arbalète, qui était totalement inutile face à autant de créatures, et s’agenouilla près du garçon pour jauger sa blessure. S’ils restaient ici, regroupés, ils étaient certains d’y rester. Levant un regard désespéré vers le nuage de chauve-souris qui allait foncer sur eux d’une minute à l’autre, elle finit par dire.

— On se casse d'ici. On s’occupera de sa blessure plus tard.

Elle tira le garçon pour le dégager de l’emprise de la plaque de métal, aidée par Adam, en oubliant un peu la délicatesse nécessaire à une telle opération. Dès qu'il fut libéré, elle le confia à Ezrah, qu'elle savait meilleur coureur qu'elle.  Puis elle aperçut Ethan, et le vacarme qu’il faisait.

Et tout ce qu’elle put penser, c’était : Pourquoi tu me fais ça Ethan.
3 minutes auparavant, elle se souvenait pourtant de lui avoir dit : Tu es blessé, ménages toi. Elle fonça vers lui aussi vite qu'elle le pue, et le tira par le bras, commençant la course de sa vie.

La situation lui était étrangement nostalgique.

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In a world you've grown

Devant la critique de Rose, Freya ne sut qu’hausser un sourcil, avant d’acquiescer gravement : Elle n’était pas bêta, elle ne connaissait que le strict minimum en premier secours, et se doutait que la jeune fille saurait mieux prendre en charge la blessure d’Esteban qu’elle, qui ne savait qu’en infliger des nouvelles, des entailles.

— Un honneur. finit-elle par lâcher à l’attention du blessé quand il commenta sur sa poigne : Son visage fier contrastait avec toutes ses expressions précédentes, qui allaient de la colère, à la peur, à l’angoisse, à l’inquiétude.

Pendant quelques instants, elle laissa tomber son masque d’Alpha prête à tout pour les sortir de là, ne pensant qu’à leur survie, et redevint la Freya narquoise et malicieuse qu’elle se plaisait à être une fois hors de danger.

Mais ils ne l’étaient pas encore, loin de là. Les pipirapis préparaient une nouvelle attaque, et leur petit groupe de survivants du dimanche était déjà bien amoché. La priorité, c’était de protéger les deux bêta, et le blessé. Tandis qu’elle s’apprêtait à encaisser une nouvelle série de griffures, et de perdre encore quelques-uns de ces précieux cheveux, un cri terrifiant stoppa nets les volatiles… Et elle avec.

Instantanément, les chauves-souris prirent la fuite, et Freya se dit qu’ils devraient aussi penser à faire de même. Puis une figure humanoïde apparut, comme si elle émergeait de l’ombre. Une goule ? fut la première pensée de Freya. Elle n’en avait jamais entendu crier comme ça. Puis Jazmine éclaira la silhouette d’une lumière tremblante, et Freya ne put retenir une moue dégoûtée.

— Qu’est-ce que c’est que cette connerie encore ?

Rejoignant son compagnon Alpha, elle sortit son arbalète. Une partie d’elle lui disait : cours. L’autre, impulsive, lui disait que ce truc était dangereux qu’ils fuient ou non, et qu’elle préférait lui faire face maintenant que plus tard, quand elle se jetterait dans leur dos, durant leur retraite. Gardant une distance de sécurité pour lui permettre une esquive en cas de… cri, elle supposait, elle chargea son arbalète et tira.

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In a world you've grown

Un air fier prit place sur le visage de Freya quand elle entendit son carreau d’arbalète toucher sa cible. Il disparut aussi vite qu’il était venu quand la créature ne cilla même pas du projectile planté dans son cœur. Prise au dépourvu, l’Alpha ne put que regarder l’étrange monstre d’un air inquisiteur, se questionnant sur la stratégie à adopter pour l’abattre.

Elle haussa un sourcil en direction d’Esteban quand il se mit à délirer : Une fée démoniaque, vraiment ? Freya croyait au destin, à l’astrologie, et même à la cartomancie. Mais les histoires de lutins et de sorcières aux nez crochu, elle se refusait à y prêter attention. Leur ennemi était bien réel, lui, et très résistant : C’était tout ce qu’il lui fallait savoir pour se battre.

Acquiesçant à la proposition d’Adam, Freya arracha le bas de son t-shirt et l’enroula autour de son visage en guise de masque de fortune. Quand Roman demanda une corde, elle ne put que froncer les sourcils, jugeant que leur situation n’était pas encore assez désespérée pour qu’ils se pendent. Elle n'avait de toute façon pas grand chose sur elle, sinon ses armes, son briquet, et son paquet de cigarettes.

La pensée de Rose méritait d’être étudiée : L’un des membres de leur groupe se vidait quand même de son sang, et leur opposant était beaucoup plus résistant que prévu. Malgré cela, ils courraient quand même le risque d’être attaqués une nouvelle fois par la créature en plein retrait.

— Vous pouvez nous trouver une sortie pendant qu’on essaye de retenir cette chose ?

Leur vie était plus importante que les possibles découvertes qu’ils pourraient faire en cherchant dans les citernes. Comptant sur les autres, Freya fonça vers le monstre et en éloigna Ezrah. Une fois à une distance qu'elle jugea sûre en cas de feu, de mort, d'explosion, elle lui jeta son zippo à la figure, pensant à toutes ces cigarettes qu'il aurait pu encore allumer dans un monde meilleur.