La voix résonnait dans ma tête, répétant en boucle mon nom et mon prénom, Alexander Tanaka. Tanaka Alexander. Des mots répétés dans un bruit de succion qui se changeait en un vacarme strident. La première chose à laquelle je parvins à penser fut de mettre les mains sur mes oreilles. Mais en vain, je n’arrivais même pas à bouger mes doigts, mes doigts glacés, j’avais l’impression qu’ils étaient au prises de crocs, glacés. Je ne savais pas si cela était réel ou si je rêvais. Le seul effort que je parvins à accomplir fut  d’ouvrir les yeux. Et encore, je ne distinguais qu’un halo de lumière brumeuse entre mes cils noirs.

Je restais donc là. Allongé. Je ne savais pas vraiment où j’étais, ni depuis combien de temps. Seule la douleur m’occupait, me donnant quelques spasmes. Réfléchir était difficile, presque impossible, et pourtant je m’y employais, comme un masochiste… non pas masochiste, un survivant. Je ne savais pas vraiment pourquoi ce mot, « survivant » m’était venu à l’esprit, comme s’il s’agissait d’un mot clé, plongé dans les limbes de mes pensées, que je n’arrivais à rassembler.
Le temps passa, lentement, si bien que je parvins à bouger les mains, puis les bras. Un fin sourire de contentement commençait à se dessiner sur mon visage quand une nausée me gagna, que je pus stopper…
Au bout de ce que je pensais être une heure, je parvins à me souvenir de ma raison ici, peu à peu. Cryogénie, Cryolab, réveil, nucléaire, formulaire, adolescent, recrutement. Soudain mon cerveau s’était mis à fonctionner, acheminant des données, un flot. Je savais enfin où j’étais, pourquoi et quand, cela restait encore à savoir, mais je le saurais bientôt.
Devant toutes ces informations je fus pris de panique, des larmes commençaient à perler aux coins de mes yeux, des larmes de douleur, de solitude, j’étais seul. Seul ? Dans un sanglot, je me mettais doucement sur le côté, pour me resserrer contre mes jambes, en position fœtale. Priant pour ne pas mourir, priant pour voir mon frère, quelqu’un…

« S’il vous plait… aidez-moi… »