Depuis son réveil, Dienelt avait rarement remis les pieds dans la Voûte. En fait, il n'y revenait jamais seul. Mais cette fois, c'était différent. Il avait enfin trouvé le courage de venir. Il voulait faire face à cette peur qu'il avait ressentit, à ce sentiment d'impuissance qui lui avait parcouru le corps tandis qu'il gisait au sol, immobile, aveugle et sourd. Il voulait faire face à cette peur là.

Il avait emmener avec lui son petit sac et était munis d'une couverture, d'une gourde et d'un fruit, quelques personnes lui ayant conséillé qu'il était toujours utile de se promener avec cela quand on faisait un tour dans la Voûte. On était jamais certains si une marmotte - il avait récemment appris qu'on appelait ainsi les personnes congelés dans les cryopods - se réveillait au moment ou on passait par là.

Alors, il descendit les escaliers menant au niveau inférieur, priant silencieusement pour ne pas croiser de "marmotte" et prit une profonde inspiration pour se donner du courage. Cependant, un bruit près du segment 3D attira son attention. Curieux, il se dirigea vers celui-ci et se cacha à moitié contre le mur. Non pas qu'il veuille espionner ou quoi que ce soit ais il ne se sentait toujours pas à l'aise avec les personnes qu'il ne connaissait pas.

Mais ce qu'il vit le gela sur place. Un cryopod était ouvert et une femme avançait dans sa direction, sortant visiblement de celui-ci. Il déglutit, incertain quant au comportement qu'il devait adopter. Devait-il s'approcher et aller l'aider ou simplement partir en courant pour prévenir quelqu'un de plus capable que lui ? Non, il n'aurait pas le temps. La première option était de rigueur. Aussi, il sortit de sa cachette et se plaça au milieu du couloir, près de l'entrée.

Dienelt ne comprend plus. La seule chose qu'il voulait faire était d'aider cette femme et il se retrouve, en un instant seulement, avec une arme à feu braqué sur lui. Et l'ordre de poser son sac au sol et de mettre ses mains sur sa tête lui est donné. Il obéit immédiatement, sans poser de question tandis qu'un tremblement d'horreur et de frayeur parcours son faible cadre. Il déglutit et sent imperceptiblement son pouls s'accélérer, son souffle se heurter et sa poitrine se comprimer.

Non, pas maintenant, pas maintenant.

Il supplie en silence, regardant son sac sur le sol et la femme qui fouille dedans. Elle en ressort l'un des fruits qu'il avait apporté et le croque à pleine dents. Il cherche à respirer profondément mais il n'y parvient pas. Sa tête tourne légèrement et il panique. Et en paniquant, il ne fait qu'aggraver son cas. Son souffle heurté s'accélère et ses poumons se comprime encore.

Finalement, la femme s'approche de lui après lui avoir renvoyé son sac. Son arme est près de sa ceinture mais il s'en fou. Tout ce qu'il voit c'est l'arme braqué sur lui. Il essaye de reculer alors que la femme s'approche encore mais ses jambes ne réponde pas. Il est pétrifié. Une main se pose sur son épaule et la femme lui demande de la faire sortir d'ici. Il tente de répondre quelque chose mais il à déjà du mal à respirer. Il serait presque tenté de l'utiliser, cet inhalateur. Mais non. Il n'a que trois recharge et qui sait combien de temps il passera ici, sans aucune chance de se procurait de ventoline. Non, il économise un max.

Et puis, une nouvelle voix résonne, froide et stable. Il jette un coup d'oeil par dessus son épaule et aperçoit une jeune femme rousse. Elle ne se préoccupe pas de lui et porte son attention sur la femme à ses côtés, la menaçant de l'envoyer dans les bras de... ? De Cassandre ?

Petit à petit son souffle s'apaise, son cœur se détend et ses poumons s'ouvrent de nouveau. Il respire calmement, regardant l'échange entre la chinoise et la marmotte. Il n'aurait jamais cru vivre l'un de ses premiers réveils avec autant d'intensité.

La femme se met à rire suite à l'erreur sur l'expression de la jeune rousse. Dienelt lui, n'a pas envie de rire. Surtout quand il voit le visage de la concerné se tordre dans une expression de colère. Il aurait bien envie de fuir, mais ce serait s'avouer être un lâche. Et Dienelt, bien que peu sûr de lui, n'est certainement pas un lâche.

Il se retrouve à être le centre de leur conversation sans même s'en rendre compte. Il à beau essayer, mais il ne comprend pas la façon de penser de la marmotte. Comment un gamin avec un sac pouvait-il être dangereux ? Il pouvait comprendre qu'elle doute de son environnement, mais sérieusement, il n'avait que 15 ans, il était frêle et il n'avait pas d'arme.

Finalement, la jeune marmotte se mit à tousser durement et tomba à genoux. Elle ne s'avoua cependant pas vaincu puisqu'elle pointa de nouveau son arme vers eux. Pétrifié, Dienelt ne savait pas quoi faire. Aussi, quand le bruit résonna contre les parois, il ferma hermétiquement les yeux, comme si cela l'aiderait à fuir la balle. Il resta ainsi de longue secondes avant de comprendre qu'il n'avait pas été touché. Ou plutôt, que le chargeur du pistolet était vide, selon le bruit que l'arme avait fait.

Mais même si rien de grave ne s'était passé, la jeune rousse donna un coup de pied bien assentit à la marmotte qui lâcha aussitôt son arme, le bras soudainement inerte. Dienelt compris que la jeune asiatique avait tapé dans un nerf pour désarmé la marmotte, bien que ce geste soit aussi exécuté par frustration et colère. Après tout elle avait bien prévenu la marmotte que si elle pointait son arme sur elle ça allait mal se passer.

Dienelt sortit de son état de stupeur seulement lorsque la chinoise lui demanda de s'occuper de la marmotte. Il acquiesça doucement et s'approcha prudemment de la jeune femme, déposant sur ses épaules la couverture qu'il avait apporté. Il s'accroupit ensuite en face de la jeune femme et la regarda aves inquiétude.

▬ Est-ce que ça va mieux ?

Il demandait d'abord des nouvelles de la jeune femme.

▬ Elle à raison tu sais. On n'est pas là pour te faire du mal ou quoi que ce soit. En fait, on est tous dans le même bateau. Que ce soit pour elle, pour moi ou pour tous ceux que tu croisera une fois dehors, on s'est tous réveillés dans les mêmes conditions que toi. Je comprends que tu ne te sente pas en sécurité, c'est normal.

Il jeta un regard à l'asiatique, espérant que ça suffirait.

La jeune femme les remercia tout deux, bien que Dienelt put entendre la différence de ton entre le remerciement forcé qu'elle adressa plus par politesse qu'autre chose à la chinoise et celui un peu plus sincère qu'elle lui adressa, s'excusant par la suite de son comportement. Et même si Dienelt aurait voulu la rassurer en lui disant un truc dans le genre "plus de peur que de mal" il ne pouvait oublier la peur paralysante du canon pointé vers lui. Alors il accepta seulement ses excuses d'un signe de tête, sans plus ni moins.

Toujours accroupi près de la jeune femme, il se leva quand elle fit de même pour aller s'excuser près de la chinoise qui l'ignora complètement, se contentant de s'éloigner et de préciser qu'un camp avait été construit dehors, sans donner plus de précision. Aussi, comprenant qu'elle était plus agacé qu'autre choses, Dienelt s'approcha timidement de Phoebe - comme elle s'était présenté plus tôt - et essaya tant bien que mal de lui apporter des informations avec ce qu'il avait lui aussi appris des autres.

▬ En gros, il y à eu des attaques à la bombes nucléaires il y a de cela plusieurs années. On ne sait pas combien exactement puisque aucune information sur le temps qu'on à passé dans les cryopods nous à été donné. Tout ce qu'on sait, c'est qu'il s'est écoulé assez d'année pour que l’extérieur ait beaucoup changé et que la nature ait repris le dessus... On a essayé de s'adapter à tout ça comme on pouvait et avec les moyens du bords.

Il expliquait en marchant près de la jeune rousse au cas où elle ait besoin de soutient pour marcher, bien qu'il ne soit pas le mieux placé pour supporter son poids si jamais ses jambes décidaient de la lâcher, lui qui était si frêle qu'il paraissait presque n'avoir que dix ans quand il en avait réellement quinze. Ils suivirent donc la chinoise, d'un pas lent pour laisser la marmotte s'adapter à son nouvel environnement après un très long sommeil.

Ils traversent les différents couloirs de la Voûte dans un silence totale, seulement accompagnés par les bruits de leurs pas résonnant contre les parois en acier de la Voûte. Dienelt déteste cet endroit et se demande encore ce qu'il est venu y faire alors que tout les mauvais souvenir de son propre réveil lui reviennent en mémoire. Il se revoit allongé sur le sol, incapable de bouger, de voir ou d'entendre, une panique sans nom s’emparant de son corps. Il se rapproche inconsciemment de la présence à ses côtés, trop effrayé pour se rendre compte qu'il s'agit de la femme qui, quelques minutes plus tôt, pointée sur lui le canon de son arme.

Ce n'est que lorsqu'ils atteignent l’extérieur, que la chaleur vient immédiatement se jeter sur eux, que le soleil tape de toutes ses forces et les éblouit qu'il se remet à respirer normalement. Il s'éloigne un peu de Phoebe en rougissant, gêné par son geste de plus tôt. Elle ne semble pas l'avoir remarqué et il lâche un petit soupire de soulagement quand elle pose une question. Elle fait ensuite le geste de se taire à Dienelt, pensant sûrement qu'il allait lui répondre mais il se trouve bien dans l’incapacité de le faire. Certes il était là avant elle, mais il n'a jamais vu l’extérieur et ne cherche pas à le faire le moins du monde ! Il aurait bien eu du mal à lui répondre si elle avait attendu une réponse claire et précise de sa part. Cependant, la réponse que lui donne la chinoise ne l'est pas vraiment, puisqu'elle laisse juste entendre que la plupart des choses qu'ils avaient connus avant avait changé avant de purement et simplement les abandonnés là.

Dire que Dienelt est décontenancé par l'attitude de la chinoise est un euphémisme. Il attrape de justesse l'arme qu'elle lui balance, la faisant un instant jongler entre ses mains avec craintes. Puis, il regarde la petite rousse s'éloigner après lui avoir demandée s'il s'en sortirait avec la jeune éveillée, les yeux écarquillés. Il reste figé un instant, sous la vive chaleur de la journée, peu rassuré. Si la jeune chinoise n'avait pas été là avec lui lors du réveil de Phoebe, il n'aurait pas su faire face. Encore moins quand elle avait pointé sur lui une arme. Il se dit alors qu'il devrait aller la voir pour la remercier, plus tard. Il se tourne vers Phoebe, attendant une demande de sa part, quelque peu intimidé.

▬ Tu... Tu as besoin de voir un médecin ou tu veux que je te mène quelque part en particulier ?

La question est posée avec une petite voix empli de timidité - à moins que ce ne soit de la crainte ou même du doute, Dienelt lui-même n'en est pas sûr. Il sait que le mieux à faire avec un nouvel éveillé est de l'emmener directement au Bêtas afin qu'ils l'examine et le juge apte à gambader dans le camp, comme ça s'était passé pour lui. Mais il ne veut surtout pas contrarier la jeune femme. Si elle est capable de braquer une arme à feu sur un jeune garçon innocent, alors elle est sans doute capable de pire que ça. Et sans le soutient de la chinoise, Dienelt est sur de  ne pas faire le poids, alors il prend des mesures de sécurité en ne la contrariant pas.