somnolant le cul sur un billot, achille ne tente même plus d'avoir l'air occupé. il est fatigué, des cernes noires se dessinent sous ses yeux azurs, le faisant ressembler un emo de loin, à un zombie de près.
mais n'est-ce pas la même chose finalement ?
velt n'est pas là, illi non plus, il se sent dépossédé d'une partie de son intérêt pour le monde qui l'entoure et la bave qui commence à couler à la commissure de ses lèvres indique qu'il a trouvé le moyen de s'endormir dans cette position pour la moins incongrue.

il aurait très bien pu dormir ainsi pendant un temps qui se serait étaler sur une voire deux heures. si une personne inattendue ne l'avait pas interrompu dans son cheminement vers des rêves bien plus intéressants que la réalité.

c'est donc dans un sursaut grommelant qu'il se réveille en entendant un voix féminine. il ravale sa salive, s'essuie gracieusement la bouche et plisse les yeux pour faire face à son agresseur.

« Hein ? »

kessketadi serait la forme la plus probable de ses pensées en cet instant.

cette nana, il ne l'a jamais remarqué, peut-être bien qu'il l'a déjà vu mais dans aucun de ses souvenirs elle ne semble apparaître comme un élément notable. alors il ne connaît ni son nom ni son tour de poitrine ni même son putain de problème. il la fixe, la bouche ouverte comme un poisson idiot et son front se plisse dans une série d'expressions toutes plus perplexes les unes que les autres. a-t-il seulement bien entendu ...
un sourcil levé, il lève le doigt vers elle et l'agite comme si il voulait dire quelque chose de très précis. quelque chose de très pertinent.
sauf que ça ne vient pas et il finit par balayer tout d'un geste de la main, amusé, presque hilare, son plus beau sourire tordu sur le visage.

« enchanté. je sais pas ce que t'as fumé, bu ou léché... »

il relève la tête pour croiser le regard de son interlocutrice dingo, et ferme un œil, ébloui pas le soleil, avant d'ajouter :

« mais je suis pas dans le même trip que toi là, j'étais en train de dormir seul, comme un grand. »

et tu m'as réveillé putain. elle se rapproche plus près et lui colle un regard de face aussi effrayant qu'un jumpscare de film d'horreur.

« t'es glauque comme fille. »

franchement glauque, et pourtant il soutient son regard, toujours souriant, franchement amusé et pas inquiet. il aurait pu apprécié qu'on lui offre de se faire tripoter mais là... son besoin de sommeil était plus important que n'importe quelles mains sur sa... enfin. bref.

« si t'es pas glauque, t'es au moins dévergondée. voire malpolie. » dit-il avec un grand sourire collé sur le visage

le plus drôle dans cette histoire ça n'est pas vraiment ce que dit cette femme, mais plutôt ce qu'elle fait avec son visage. ses expressions, ses grimaces, tout donne envie de rire à achille qui tousse pour ne pas exploser. si il avait été encore au temps d'avant, il aurait certainement cherché la caméra cachée. mais là, il se doutait bien qu'elle était juste bonne à être enfermée pour harcèlement sexuel.
pourquoi ça doit toujours tomber sur moi se dit-il, pourquoi est-ce que je ramasse toujours la plus cinglée du coin.

en attendant qu'elle ait finit de se dépatouiller avec ce qu'elle cherche à dire, il la jauge, juge, observe sous toutes les coutures, penchant même très légèrement la tête pour essayer de déterminer si elle porte un soutien-gorge.
il n'a que ça d'intéressant à faire dans l'instant. et visiblement elle n'en porte pas. ça lui rappelle des souvenirs pas franchement décents et ça le fait sourire. et il se perd avec délectation dans de vieilles réminiscences qui lui colle un frisson dans le dos.

« écoute ma jolie.. » pas sur que ce soit le mot approprié dans ce cas-ci « c'est pas que t'as pas l'air pétrie de bonnes intentions, mais j'ai pas franchement envie que tu me tripotes en public comme ça. je suis pudique.»

ou pas. il se rassied plus confortablement, la tête appuyée sur l'arbre juste derrière lui. et puis imagine ta merde à la tête c'est contagieux ? j'ai pas envie de finir taré pense-t-il dans un petit rire qui fait se retrousser sa lèvre supérieur. et dieu qu'il est sexy.
ou pas. est-ce que c’est moi qui sent l'homme comme ça ?
test d'aisselle, reniflage gracieux, soupir satisfait.

cette fille là, elle est pas toute seule dans sa tête. il le voit dans ses yeux, dans sa façon de marquer des pauses, de réfléchir, elle a toujours l'air en conversation avec une petite voix intérieur. et tant que la voix ne lui dit pas d'assassiner tout le monde.... il hausse les épaules et passe une main sur son menton. il n'aura pas raison de son acharnement avec de la logique.
et de toute façon, la logique l'ennuie. et c'est sur cette idée satisfaisante, qu'il reprend le cours de cette conversation sans réel sens.

et ce qu'elle finit par dire avec le sourire le plus étrange du coin lui provoque un fou rire. il rit sans pouvoir s'arrêter, hoquetant et larmoyant. et finalement ça fait du bien de se marrer comme ça. il l'en remercierait presque.
merci pour le spectacle Miss Barjo, si j'avais 10 centimes, je te les donnerais.

« c'est bien la première fois qu'on me dit ça. en me vouvoyant en plus... »

il hoquette encore, finit par recommencer à rire, manque d'air, tousse et se reprend.  ça dure quand même bien cinq minutes ce bordel, avant qu'il ne puisse formuler à nouveau un phrase correcte. sujet complément sexe verbe.

« si on le fait en privé, faut que tu saches quand même que j'ai une maladie vénérienne. je veux pas qu'après coup tu m'accuses de te l'avoir refilé sans prévenir .... »

feindre le sérieux, c'est pas franchement ce qu'il fait de mieux. d'ailleurs un sourire hilare viennent troubler un instant son visage alors qu'il s'est rapproché pour parler à voix basse. est-ce que sa naïveté de cinglée tiendra le coup encore après ça...

ouais, il entend. il entend bien, mais il tire la tronche du type qui a rien compris. il lui faut encore quelques secondes avant de réaliser que son interlocutrice est tellement naïve qu'elle n'a même pas assimilée le sens de sa phrase. dans sa tête tout semble se transformer en guimauve. et il se demande bien qu'est-ce qui réussirait à la sortir de cet état de cataplexie intellectuelle, où ses pensées ont l'air si molles que tout finit coulant et rose comme de la guimauve.

« c'est contagieux si il y a pénétration. »

dit-il l'air de rien, histoire de voir jusqu'à quel point cette discussion pouvait devenir farfelue. jusqu'à quel point cette nana était enfermée dans son cocon. elle enchaîna, pleine de bonne volonté, comme tout au long de cette conversation, depuis le début et achille décida qu'il était temps de se relever. ce qu'il fit, agitant, un grimace aux lèvre, ses membres endoloris d'avoir été trop longtemps inactif.

« voler leur bouffe aux filles c'est proscrit dans ma religion. »

il s'étire, bandant ses mucles pectoraux comme un gros con un peu trop prétentieux, et, satisfait de son état général, il colla ses mains dans ses poches et bailla. la bouche bien grande ouverte...

cette conversation n'est plus si amusante maintenant. et il est fatigué à en juger par le nouveau bâillement qui étire ses muscles zygomatiques dans une grimace. ses yeux s'humidifient comme si il était sur le point de pleurer, il renifle. c'est l'heure.

« un moine... »

il soupire et ricane, gentiment. la fin du monde ne lui aura pas épargné d'entendre des énormités. Lançant un regard à son interlocutrice, il plisse légèrement les paupières et puis incline le buste, les mains toujours dans les poches.

« une autre fois peut-être. quand tu seras moins barjo. »

clin d’œil et il tourne les talons bien décidé à aller se re-coucher quelque part, quelque où personne ne viendra le réveiller pour lui faire une proposition indécente.