Une envie de gerber. Un nœud angoissant le maintenait plié en deux, courbé vers le sol. A genoux, les coudes le long de la tête, son ventre vide l’empêchait de remettre quoi que ce soit. Seulement de la bile lui remontait dans la gorge, s’accumulant dans une bouche pâteuse. Une sale gueule de bois comme il ne se souvenait plus. Sûrement une sacrée soirée la veille dont il n’avait même plus idée. L’envie disparaissait et, se redressant lentement, un nouvel élan le poussa à se plier sur le sol froid. D’ailleurs, en y pensant quelques secondes, ce n’était pas son sol. Il avait un chauffage thermique venant de son parquet. Donc, il n’était pas chez lui. Dure soirée.

Enfin, il sentit sa digestion reprendre le dessus et, se posant contre ce qu’il pensait être son lit, il posa ses doigts à ses tempes. « Damn. My head. » A quelle heure avait-il perdu connaissance ? Puis de nombreuses questions se mirent à assaillir sa tête engourdie. De celles qu’on se pose lorsqu’on s’éveille après un long sommeil sans aucun souvenir de la veille. Jusqu’à une question : Comment me suis-je éveillé ? Reconstruisant avec difficulté l’information, il tentait de retrouver les premiers souvenirs qui lui venaient. Une voix l’avait éveillé. Une voix qu’il ne reconnaissait. Ce n’était sûrement pas son réveil, il en était sûr. D’ailleurs, c’était un réveil personnalisé. « Edward Matthew », l’avait-elle appelé. Il avait donc su lui dire son prénom et nom, malgré tout l’alcool. Peut-être tenait-il mieux l’alcool qu’il ne l’aurait cru.

Poussant un soupir, il ouvrit finalement les yeux sur l’obscurité ambiante. Quelques rayons de lumière laissaient planer une ambiance ténébreuse sur le lieu. Drôle de chambre, il fallait se le dire. Sur quelle demoiselle était-il encore tombé ? Que c’était difficile de reprendre conscience et retrouver ses esprits après une nuit si agitée. Puis, seulement, il se souvint de la suite de son réveil. La femme lui avait parlé d’un « cryopod » et de se demander, dans son esprit « Qu’est-ce que c’est que cette foutue connerie ? ». CryoLab fut le mot suivant qui lui revenait. Ce n’était sûrement pas le nom de la demoiselle. Sûrement un surnom. Ou un nom pour sa profession. Et elle donnait un nom un peu particulier pour son lit. Il devait être tombé sur une énergumène. Une allumée du ciboulot.

_ Damn. Qu’est-ce que j’ai bien pu foutre ? »

C’est uniquement à cet instant que continuant son travail sur sa propre mémoire, il se souvint qu’elle évoquait « ses effets personnels ». Aussi, se redressant un peu rapidement, il s’attendait à se retrouver cul nu. Pourtant, il était drôle habillé, d’une tenue un poil étrange. Sûrement l’alcool l’avait-il réellement conduit dans un lieu insolite. En tout cas, nul doute, la soirée avait été arrosée au point qu’aucun souvenir ne lui revenait d’avant son réveil. Alors qu’il était levé et s’inspectait pour la première fois, un vertige le fit poser une main sur ce qui était un « cryopod ». Ce n’était définitivement pas un lit ordinaire. Ce n’était plus si étonnant que la dénommée CryoLab se soit permise de lui donner un drôle de nom. Et ce n’était pas le seul dans la pièce. God ! Que de questions sur ce lieu étrange.

Encore vaseux de ce réveil difficile, il se dirigea avec quelques difficultés vers son compartiment et passa enfin ses propres vêtements. Sûrement les vêtements de la veille. Etonnement secs, d’ailleurs, pour une soirée alcoolisée. Clignant avec force des yeux, tentant de reprendre un meilleur contrôle de son propre corps, il se dirigea vers la lumière et la surface. Qu’avait-il bien foutu la nuit dernière ? Quelqu’un avait bien une réponse à lui donner, quand même.