Words that kill
Would you speak them to me ?

Du camp tout entier, le centre de soin était de loin l’endroit qui la mettait le plus mal à l’aise. Chaque visite était pour elle une torture : Et de toute façon, devoir s’y rendre était mauvais signe, puisque cela signifiait souvent une blessure à traiter. Aujourd’hui, pourtant, ce n’était pas à proprement parlé le cas : Freya s’y rendait seulement pour une petite vérification de ses plaies. Leur petite escapade, à Maël et elle, qui avait très mal tournée, continuait de marquer son corps par de petites blessures qui cicatrisaient bien.

Une fois que le bêta qui l’avait pris en charge s’était assuré qu’aucune des plaies ne s’étaient infectées, et qu’elle pourrait continuer à risquer sa vie et à se faire de nouvelles cicatrices sans inquiétude, elle se leva, et traversa le centre de soin, perdue dans ses pensées. Demain, elle partait en mission de chasse, à la recherche de vivres. La simple idée de s’éloigner un peu du campement l’emballait. Qui sait ce qu’ils découvriraient, une fois à l’extérieur ?

Regardant malades et blessés sans expression, son regard se posa sur un homme visiblement blessé à l’épaule. La personne qui l’assistait semblait complètement perdu, et Freya ne tarda pas à comprendre pourquoi : Le patient ne prenait pas la peine d’ouvrir la bouche, s’expriment plutôt avec le langage des signes. Interloquée, elle s’approcha des deux personnes.

— Je ne savais pas que Cryo-lab avait accepté des muets dans la voûte 5. commença-t-elle, dévisageant l’homme d’un regard critique. A quoi jouait-il ? Était-il vraiment muet ?

Elle croisa les bras, repensant aux signes qu’elle l’avait vu faire plus tôt. Voilà quelques temps qu’elle n’avait plus parlé à sa plus petite sœur muette, et donc qu’elle n’avait pas exercé son langage des signes. Faisant de son mieux pour traduire le garçon, Freya se tourna vers le bêta et lui dit :

— Il a été mordu en pleine chasse il y a à peu près une heure.

Un alpha, alors ? C’était bien la première fois qu’elle le voyait.

— D’après lui, la blessure n’est pas grave, mais douloureuse.

Se décalant légèrement pour laisser le bêta faire son travail, elle considéra la possibilité que l’homme soit non seulement sourd, mais aussi muet. Autant le lui demander. De ses mains, elle lui exprima maladroitement :

— Tu es sourd aussi ?

Elle n’aurait jamais pensé qu’elle se servirait du langage des signes après la fin du monde.