Awaken

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Depuis longtemps, il a l’impression de planer dans un autre univers. Sa vision, son souffle et ses mouvements sont inanimés. Or, son esprit compense le manque d’activité de son corps. Ainsi, son imagination lui permet d’avoir une vue inestimable sur le renouveau, des choses qui n’existent pas dans la réalité. L’espace d’un moment, les soucis de la vraie vie se sont éclipsés, devenant néant. Il est bien là où il est. Il ne ressent aucune douleur, aucune peine, rien. Or, est-il plus intéressant de vivre des émotions péjoratives ou de ne rien ressentir ? L’esprit semble être porté vers l’absence de sentiments. Toutefois, le corps n’est pas du même avis et agit souvent illogiquement.

La sérénité temporaire dans laquelle il était plongé est couteuse. Ayant de la difficulté à sortir de son hibernation artificielle, le soldat n’était pas au bout de sa peine. Alors que ses iris s’ouvrent mécaniquement, une forte dose d’inconfort et de brutalité le frappent violemment. Sur le coup, il a l’impression que l’adversité l’attendait de pied ferme. Face à cette injustice, le soldat ne peut rien y faire. Même s’il ordonne à son cerveau de se défendre devant l’oppresseur, son corps l’amène brutalement au sol. Son visage caresse violemment la surface glaciale et crasseuse.

Face contre terre, il se souvient des mots de son paternel. L’armée te préparera à tout lui disait-il. Foutaise, ne put s’empêcher de penser l’homme impuissant. Or, cette seule pensée était suffisante pour générer une forte dose d’adrénaline dans son organisme, une dose quasi létale. Ainsi, un violent vertige multiplie la force gravitationnelle qui le cloue au sol. Il en vient même à se demander si ce corps lui appartient toujours. Sa respiration est saccadée, douloureuse, brusque et impromptue. Alors qu’il était en pleine renaissance, il avait plutôt l’impression de contempler ses derniers moments. Sur le moment, il longe délicatement la main vers l’avant, contemplant la combinaison sombre qui enveloppe son bras. Le noir est connoté de deuil, de douleur et de néant. Toutefois, ce n’est pas la première fois qu’il embrase les ténèbres. Mieux encore, la douleur qui traversait les moindres parcelles de son corps semblait s’intensifier. Là où plusieurs y auraient vu la mort, la vision de Zayne était tout autre.

Se remémorant ses bases militaires, il tenta de faire abstraction de sa condition physique. Ce faisant, il fut en mesure de se concentrer suffisamment pour obtenir un portrait visuel des alentours. À première vue, il n’y avait aucun indice précis du lieu vers lequel il devait se diriger. Toutefois, sa combattivité lui donna la motivation nécessaire pour lui permettre de se relever. Tout en tremblant, il se redressa, s’appuyant sur le moindre espoir qu’il puisse s’en sortir indemne. Il devait trouver de l’aide et rapidement…

Une petite fille d'à peine un mètre soixante marche a travers le camp, des chaussures simples aux pieds, elle avance en direction de la voûte, un sourire aux lèvres. La brunette file d'un pas décidé, déterminée à prouver sa valeur. Elle participe à la ronde de surveillance des réveils aujourd'hui. Katy est heureuse de pouvoir se rendre utile au sein de la communauté. Les débuts ont été très difficile pour y trouver sa place. Elle n'a pas le talent combatif de Kiba, ni l'intelligence d'Evy ou le savoir faire de Sonja, mais à présent elle s'est bien adaptée. Elle s'occupe beaucoup de Skoll avec Jane lorsqu'il est présent et autrement elle s'inquiète pour lui lorsqu'il est parti.

Elle arrive devant la voûte, elle tourne la tête à droite puis à gauche pour voir si un partenaire était là. Elle aurait aimé faire la ronde avec Jane, mais la jeune fille n'est pas avec elle aujourd'hui. Elle soupire, puis s'engouffre dans la voûte. Il ne reste plus beaucoup de cryopod verrouillé. Elle avait entendu dire qu'il n'en restait que quatre ou cinq. Dire qu'elle avait été l'une des première à être éveillée, cela lui fait tout drôle maintenant de voir l'évolution du camp. Il y a pas mal de monde à présent, tout est régulé, organisé et Katy a pu rencontrer beaucoup de personnes différentes. Même si cette vie est dangereuse et qu'on ne sait pas à quoi peut ressembler le lendemain, Katy réussit à s'accrocher et à avancer. Elle est plutôt fière d'elle car ne s'en sentait pas capable du tout au début. Heureusement que les autres avaient été là. Surtout Jana.

Sur ces belles pensées elle pénètre dans le hall principal. Elle s'arrête un instant, cet endroit est toujours source de souvenirs forts, et elle tend l'oreille. Souvent les marmottes font du bruit lorsqu'elle se réveille, mais il arrive parfois qu'on les découvre seulement en faisant le tour de chaque segment. Elle n'entend aucun bruit particulier. Elle commence donc à faire le tour de chaque segment. Un à un elle vérifie avec minutie qu'aucune marmotte n'est réveillée. Elle arrive finalement au segment 1A. Son segment. Celui où elle a ouvert les yeux dans ce nouveau Wooden Cove avec Jane. Elle y aperçoit alors un jeune homme, beaucoup plus grand que lui. Il est debout mais semble se tenir péniblement sur ses deux jambes en s'aidant du mur. Elle approche.

« Hey ! Attends je vais t'aider. »

Puis, elle pose simplement la main sur le bras de la marmotte, pour être sûre qu'il ne sursaute pas et l'observe.

« Je m'appelle Katy, n'aies pas peur, tu peux t’assoir si tu veux, tu es en sécurité.  »

Elle lui sourit, avec son doux visage enfantin, puis elle fouille sans son sac en bandoulière et en sort une couverture qu'elle pose avec délicatesse sur les épaules du jeune bruns en se hissant sur la pointe des pieds.

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Alors qu’il tentait d’effectuer des pas chancelants, une voix résonna dans son esprit. Il ne savait pas d’où elle provenait. Ce n’est qu’en perdant l’équilibre qu’il aperçut une jeune fille lui proposant de prendre appui sur elle. En temps normal, il aurait eu peur de l’écraser, mais il n’était pas en état de se soucier d’autrui. Chose dite, chose faite, il suivit mécaniquement les instructions de son hôte.

-Merci...

Il avait l’impression d’avoir un chat dans la gorge, comme si ses cordes vocales n’avaient pas fonctionné depuis longtemps. On aurait dit qu’un nid s’était installé dans sa gorge. Rien de bien attrayant, mais lentement, il se sentait revivre. Le fait de s’assoir lui permit de prendre conscience de son environnement et de prendre conscience de chaque parcelle de son corps.

-Où suis-je…? Et qui es-tu ? ? Qu’est qui m’arrive ?

Sa mémoire était légèrement floue, mais elle était encore présente. Toutefois, le simple fait de tenter de cueillir des souvenirs était trop douloureux pour le moment. Tout ce qu’il savait c’est qu’il était en vie et que la couverture lui apportait la chaleur nécessaire pour calmer ses tremblements. Il ne savait pas encore ce qu’il se passait, mais il anticipait déjà la surprise. Pour le moment, il mettait toute sa confiance en cette enfant même s’il ne la connaissait pas. Il n’avait pas vraiment le choix de toute manière. Quoi qu’il en soit, en aucun cas, il ne l’imaginait lui vouloir du mal.

Katy sent le jeune homme accepter son aide et elle le laisse s'appuyer sur elle pour qu'il puisse s’asseoir convenablement. Il est un peu lourd pour Katy, mais elle tient le coup. Elle est là pour aidée, pas pour l'être. Elle laisse la marmotte souffler, reprendre ses esprits et se réchauffer avec la couverture. Ils sont tous passés par là, certaines réactions et sensations divergent selon les personnes aux réveils mais d'autres sont des incontournables, comme le froid. Katy se souvient qu'elle avait été ravie d'être accueillie avec l'une des ces couvertures. Elle s'accroupit à sa hauteur et frotte l'un de ses bras pour le réchauffer un peu.

« Du calme, chaque chose en son temps. T'es dans la voûte là, tu viens de sortir de ton cryopod… Mais je pense pas que ça te parle. T'as été cryogénisé, la récupération est toujours un peu difficile au début. » Katy se veut rassurante, elle parle d'une voix calme, douce et posée. « Moi c'est Katy. Et toi ? Tu te souviens de ton nom ? »

Au début on a toujours les idées en vrac, on sait plus qui on est, ce qu'on fait là, ce qui s'est passé. Katy se souvient d'avoir fait une belle crise de panique. Elle observe le jeune homme, se demandant quel âge il pouvait bien avoir. Plus âgé qu'elle c'est certain. Personne ne peut battre la cadette du camp.  

« On va attendre que tu te sentes mieux, après j'irai chercher tes affaires et on sortira d'accord ? »

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De nombreux mots résonnèrent simultanément dans l’esprit du soldat. On aurait dit que son cerveau avait encore du mal à assimiler l’information et à formuler des phrases normales dans son esprit. Or, en se concentrant, il arrivait dorénavant à ordonner les mots pour concevoir mentalement des phrases logiques. Bien qu’il venait de réaliser cet exploit, il ne comprenait pas le sens de tous les mots puisque c’était des mots issus d’un vocabulaire spécialisé.

-Zayne Whittaker…

Par chance, sa mémoire n’avait subi aucun dommage irréversible. D’ailleurs, en prononçant son nom, il fut à un pas de plus vers son rétablissement. Nombreux étaient ceux qui subissaient des dommages temporaires ou permanents au niveau de leurs mémoires. Zayne était un des chanceux, mais il n’était pas en état de le réaliser. En fait, l’entrainement militaire avait poussé son corps dans des circonstances extrêmes. Passant de la température ambiante à une température glaciale, ils avaient effectué de nombreuses simulations dans lesquelles le corps des soldats était immergé dans l’eau. Dans ce genre d’entrainement, ils devaient réussir à se mouvoir sous l’eau pour accomplir une tâche avant de remonter à la surface. À force, leurs corps avaient développé une forme de résistance aux températures glaciales, leur permettant d’être plus efficaces dans une situation de détresse sous l’eau. Malgré tout, il n’avait jamais expérimenté une sensation aussi désagréable. De violents picotements causés par le réchauffement des vaisseaux sanguins se faisaient sentir. Depuis combien de temps avait-il été congelé et surtout pourquoi ? Ces questions remontaient à la surface dans son esprit, signe que son cerveau était en état de réfléchir.

-Je me souviens de Cryolab…

Il se souvenait de la voix qui l’avait accueilli. Celle-ci avait mentionné le nom de cette société. Or, il avait encore de la difficulté à la replacer dans son esprit. Pour l’instant, il valait mieux opter pour la solution la plus sécuritaire.

-Merci Katy, je commence à me sentir un peu mieux, mais j’aimerais savoir où nous comptons aller.

Même dans les pires situations, il préférait obtenir des informations. Ce n’était pas parce qu’il était entre la vie et la mort qu’il allait laisser quelqu’un l’amener n’importe où. Il n’était pas en si mauvais état, quoique…

Katy attendait patiemment à côté du jeune homme, Zayne. Drôle de nom, Katy s’en souviendra facilement puisqu’il lui semble atypique. Elle essaie d’être la plus rassurante possible. C’est la première fois qu’elle aide quelqu’un seule. D’habitude il y a toujours du monde avec elle. On la laisse rarement vagabonder seule et elle laisse rarement les autres l’abandonner de toute manière.

« Eh bien… sur ce qu’il reste de wooden cove. Il y a eu une guerre tu te souviens ? Et on nous a emmené ici dans ce bâtiment qu’on appelle la voûte. » Elle marque une pause, réfléchissant. Ce n’est pas évident de choisir les bons mots pour tout expliquer. « Comme toi, je me suis réveillée un jour… et la vie a changé là-haut. Je te préviens, ce n’est pas facile. Mais on s’entraide. On est pas seul. »

Elle observe Zayne, consciente que ce qu’elle dit peut être troublant. Certains réagissent mal à la nouvelle. Ils paniquent, crient ou pleurent. Elle a du faire les trois. Peut-être pas dans cet ordre, peut-être dans un autre. Mais la nouvelle avait été très compliquée à accepter. Surtout qu’au début ils n’étaient qu’une poignée. Elle se remet à farfouiller dans sa sacoche et en sort une gourde.

« Tiens, boit un peu si tu veux. Ça fait du bien de se désaltérer. Quand t’es près on remonte, je te ferais visiter si tu veux»

Elle affiche son sourire et se veut rassurante. C’est tout de même bizarre comme spectacle, une petite fille qui s’occupe d’un grand jeune homme comme lui. Tout l’inverse des histoires d’aventures qu’elle lisait autrefois, mais la réalité est souvent bien différente de la fiction.

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Tentant de digérer ce qu’il venait d’apprendre, l’ex-militaire serra son poing. S’il en avait eu la force, il l’aurait probablement abattu solidement sur sa jambe ou sur un objet suffisamment solide pour résister à sa frustration. Plus il y pensait et plus il s’en souvenait. Toutefois, des éléments semblaient s’être égarés avec le temps, des éléments importants. Avec un peu plus de temps, peut-être que les souvenirs risquaient de rejaillir. Pour le moment, il devait se concentrer sur cette douleur qui le grugeait. Cette sensation était si forte que l’espace d’un moment, il en était venu à oublier les sensations physiques que traversait son corps. Or, une vive douleur vint le saisir au niveau de la main. Il avait probablement mis trop de pression dans ses mains qui venaient tout juste de renaitre de leur congélation.

-Merci…

Sans émotion, Zayne accepta la gourde. Au début, le tout fut rafraichissant et rapidement, il se rendit compte que son corps était vraiment déshydraté. Buvant comme s’il venait de sortir d’un pèlerinage au Sahara, il se désaltéra totalement, se sentant renaitre peu à peu au fur et à mesure que le liquide pénétrait son organisme. Cette sensation était vivifiante et revitalisante. Sur le coup, il se demandait depuis combien de temps il n’avait pas mangé et comment son organisme avait survécu tant de temps.

-Je pense être prêt, mais je doute que je sois en mesure de marcher seul et j’ai peur d’être un fardeau trop …lourd pour toi…

Ne se posant pas de question, il préférait la tutoyer. Il ne savait pas combien de gens il y avait dans cet endroit, mais étrangement, il avait l’impression qu’il apprendrait rapidement à se familiariser avec les autres survivants.

-Mais je peux essayer de marcher seul, tu n’auras qu’à être là au cas où je perds l’équilibre.

Dans la situation actuelle, le survivant effectua un mouvement surhumain pour pouvoir marcher convenablement. Même si ses pas étaient réticents, il semblait être en mesure de se mouvoir. Sa tête subissait de légers étourdissements qui finiraient peut-être par partir lorsqu’ils seraient à l’air libre.

-Allons-y avant que mon corps ne change d’avis…

Tentant de tourner son attention vers le moment présent, Zayne eut le mauvais réflexe d’étouffer les réflexions qui martelaient la porte de son cerveau. Pour le moment, il n’était aucunement d’humeur à se soucier des circonstances. Il ne voulait que se sentir mieux et dès que ce serait le cas, il aurait le temps de penser au reste.

Assise, silencieuse et immobile, Katy se demande si un jour ils arrêteront de faire tout ça. Un jour le réveil des marmottes cessera-t-il ? Y aura-t-il un jour où tout se figera ? Combien de temps pourront-ils survivre ainsi, parfois Katy se demande l'intérêt de tout cela. D'un autre côté, elle aime bien voir de nouvelles tête tous les jours et elle espère qu'elle s'entendra bien avec ce Zayne.

Attendant silencieusement que l'homme reprenne suffisamment de force, Katy espérait qu'il puisse se tenir sur ses deux jambes car en effet, il risque d'être un peu lourd. Son poids plume ne risque pas de soulever grand-chose. Pourtant la jeune fille se persuade qu'elle est tout de même utile. Après tout, elle a pu accueillir cette personne, le réchauffer et lui donner à boire. Elle arrive à faire des choses même si elle n'a pas la force d'un Alpha. Peut-être aurait-elle dû attendre que quelqu'un vienne avec elle, mais la jeune fille avait envie de se prouver qu'elle pouvait faire des choses sans l'aide de personne, elle a besoin de se prouver qu'elle n'est pas juste un fardeau pour les autres.

« C'est sûr, je risque d'avoir du mal à te soutenir »

Un petit rire gênée, Katy fuit le regard de l'homme, bien consciente qu'il y aurait pu avoir bien mieux pour l'aider qu'elle. Kiba ou Ezrah serait plus à même de soutenir Zayne qu'elle, cependant, elle va faire de son mieux pour le seconder. Katy se demande alors ce que faisait le jeune homme autrefois, où il s'orientera dans le camp, mais il a l'air fort. La preuve, il arrive à se relever et à se mouvoir sans son aide. Un peu angoissée à l'idée qu'il tombe, Katy reste près de lui, les mains qui s'agitent à chaque pas pour essayer de deviner quel angle serait le plus approprier pour le rattraper si jamais il venait à perdre l'équilibre, sans vraiment se dire que dans ce cas là, il allait surtout l'écrabouiller comme une crêpe.

« Fait attention hein… Si tu le sens pas on peut faire une pause. »

Elle guidait maladroitement le jeune homme à travers les couloirs de la voûte pour arriver jusqu'au Hall. Jonglant avec ses bras, effrayées à chaque pas que l'homme ne perd l'équilibre, elle se dit qu'elle aurait vraiment dû attendre un partenaire avant de descendre. Ceci dit, ils avaient de la chance, le segment 1A était l'un des plus proches de la sortie, une bonne chose dans leur cas.

« On est arrivé dans le Hall, le segment dans lequel tu te trouvais est l'un des plus proches de la sortie heureusement. Mon cryopod était aussi là, et j'avais été bien heureuse de n'avoir qu'à faire quelques pas avec Jane pour pouvoir sortir. Tu veux faire une pause ? »

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Zayne devait se compter chanceux du fait que quelqu’un était venu le chercher. Ce faisant, il ne pouvait pas rechigner sur les capacités physiques de celle-ci. En fait, même si elle n’était pas aussi forte qu’un adulte, elle était tout de même beaucoup plus rafraichissante psychologiquement que bien des gens. S’il avait été accueilli par une personne de son âge, Zayne aurait mis plus de temps à donner confiance et à se sentir bien. Ainsi, le fait qu’elle soit plus jeune l’aidait en tout point, surtout puisqu’il devait faire plus d’effort. Sachant pertinemment qu’il ne pouvait léguer entièrement la charge de son corps à la jeune fille, le soldat forçait son corps à sortir de sa zone de confort. Ce n’était que lorsqu’il était poussé dans ses retranchements qu’il performait à son plein potentiel.

-Profitons du fait que je sois encore debout pour aller le plus loin possible.

Souriant péniblement, le soldat tenta de faire un pas de plus vers l’avant. Ses mouvements étaient saccadés, mais sa confiance ne faisait qu’augmenter. En fait, il ne savait pas combien de temps ses muscles resteraient aussi rouillés, mais il pouvait sentir que ceux-ci n’avaient besoin qu’un peu d’exercice. Ayant eu droit à des séances de cryothérapie lorsqu’il était au collègue, il se souvenait de la sensation découlant d’une demi-heure de ce traitement. Ainsi, il pouvait imaginer les impacts d’une telle thérapie ayant duré plusieurs mois voire plusieurs années…

-Sinon, je suis content que tu aies été dans les environs au bon moment. Sincèrement, je n’aurais pas été en mesure de quitter ce lieu avant plusieurs jours sans ton aide…

N’ayant pas la force de sourire, il préférait se concentrer sur sa capacité à avancer. Sa voix était bienveillante, mais son visage était en pleine concentration. Il était presque en transe, signe comme quoi les efforts physiques qu’il faisait étaient exigeants.

-Est-ce que la salle contenant mes affaires personnelles est dans les environs ?

Il avait hésité avant de poser cette question, mais il préférait affronter la réalité plutôt que d’être déçu. Dans la pire situation, ils reviendraient quand il serait en meilleur état.

Katy continue d'accompagner au mieux la marmotte qui s'est éveillée à avancer. Elle se doute que l'homme ne s'appuie pas complètement sur elle, car sinon, elle serait sûrement tombée sous son poids. Néanmoins, il la laisse déjà l'aider, la jeune fille au ruban rouge n'aime pas se sentir inutile, elle est venue dans l'idée de soutenir une marmotte et elle est heureuse qu'il lui fasse confiance pour cela. Certaines personnes ne lui laisse pas cette chance, trop jeune, trop petite, trop faible. Pourtant, même si elle ne soutient pas Zayne en totalité, elle réussit néanmoins en partie à l'aider. Elle est un peu fière d'elle.

Ils arrivent dans le Hall, mais Zayne ne semble pas vouloir prendre de pause. Katy est impressionnée par les capacités du jeune homme, même s'ils sont près de la sortie. Même si la démarche est lente et maladroite, le duo avance sans faire de pause. Katy se demande alors ce que pouvait bien faire le jeune homme avant de se faire cryogéniser. Katy aurait aimer attendre quelques années de plus avant que cette catastrophe arrive, elle aurait pu faire plus d'études et pouvoir aider Cassidy dans ses recherches. Peut-être même qu'elle l'aurait alors tolérée.

« C'est rien, on passe régulièrement jeter un œil ici pour être certain qu'il n'arrive rien de grave. Tu n'aurais pas été seul bien longtemps je pense. »

Elle lui sourit de nouveau, rassurante et innocente, Katy voyait cependant les difficultés de son interlocuteur à se tenir debout. Elle voudrait faire une pause pour lui, mais il a déjà dit qu'il ne voulait pas. Ils étaient presque sortis après tout quand soudain, la marmotte évoque ses effets personnels.

« Oh zut ! J'ai complètement oublié ! C'était derrière ! » Paniquée, Katy failli lâcher le jeune homme. Elle a bêtement oublié de lui faire récupérer ses affaires. Katy t'es une crétine. « Attends je vais te les ramener, comme ça t'auras pas à faire l'aller-retour. » Il y a parfois des objets important pour le propriétaire, Katy ne peut pas les laisser là. Ne laissant pas trop le choix à Zayne, elle lui répéta qu'elle ferait vite, que ça ne la dérangeait pas et que comme ça ce sera fait. Elle l'aide alors à s’asseoir le long du mur. Comme ça il pourra se reposer pendant que je vais chercher ses affaires. Une chose qui arrange bien la jeune fille.

Après s'être assurée d'avoir bien installé le jeune homme, Katy se tourne une dernière fois vers lui, « J'en ai pour deux minutes et je reviens avec tes affaires. » Et sur ce, elle s'engouffre de nouveau comme une fusée dans le segment 1C. Elle trouve le casier de Zayne et récupère sans trop faire attention ses différentes affaires qu'elle glisse dans son sac. Puis, elle retourne sur ses pas et rejoint rapidement le jeune homme.

« J'étais pas trop longue ça a été ? » Elle retire sa besace de ses épaules et le tend à la marmotte, elle n'avait pas bien regardé ce qu'elle avait récupéré, mais normalement il devait y avoir tout ce qu'il lui fallait. « Tiens j'ai tout mis là-dedans. »

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Depuis son réveil, les dernières minutes qu’il traversa furent probablement les pires. Pendant un court moment, son corps s’était mis à basculer avant qu’il soit rattrapé par la jeune fille qui l’avait immobilisé contre le mur. Sur le coup, un étrange vertige s’empara de lui alors qu’il était en position assise. La seule solution qui s’offrait à lui était de fermer les yeux et de se concentrer sur sa respiration. En attendant, Katy avait pu récupérer ses effets personnels. Son départ fut court, mais de nombreuses pensées et souvenirs eurent le temps de faire surface. Pour une fois, malgré son inconfort, il avait l’impression d’avoir un certain contrôle. Les commotions cérébrales et leurs effets résiduels représentaient un terrain qu’il connaissait bien. Pour en avoir eu plusieurs au cours de sa courte carrière, il se souvenait que le mieux était de respirer pour éviter de se concentrer sur ce qui se passait autour. L’équilibre devenait un fardeau que personne ne devait combattre. Le mieux était de se laisser bercer et de détourner son attention vers une autre sensation. De cette manière, il laissait suffisamment de temps d’adaptation à son corps pour que l’équilibre soit restitué. C’est ce qu’il fit et le tout fonctionna à merveille.

-Non, tu tombes pile au bon moment.

Lui offrant un sourire sincère, le soldat prit ses effets personnels et plaça la besace sur son épaule de manière à ce qu’il puisse la transporter. Il n’avait pas vérifié le contenu, mais il se faisait confiance. Il savait avec pertinence qu’il avait choisi des éléments clés qui allaient lui être utiles dans de multiples situations.

-Ne perdons pas de temps ici. Je préfère me rendre le plus loin possible pendant que mon corps est encore clément. J’espère juste que des prédateurs ne m’attendent pas à l’extérieur, haha.

Faisant une blague pour détourner l’attention de la jeune fille, le soldat remonta difficilement son dos contre le mur de manière à ce qu’il n’ait pas à s’appuyer contre sa cadette. Une fois debout, il tenta de s’appuyer légèrement vers elle, mais perdit légèrement l’équilibre. Sur le moment, elle avait probablement ressenti un énorme poids, mais Zayne avait rapidement pris contrôle de la situation en faisant malgré lui basculer son poids en sens opposé.

-Désolé, si je m’arrête, je sens que je ne vais pas tenir longtemps, donc dépêchons-nous. Je vais essayer de rester concentré, mais il m’arrive d’avoir des vertiges quand je ne bouge plus pendant un certain laps de temps et que l’adrénaline redescend, donc fonçons pendant qu’il en est encore temps.

Il avait l’impression de se répéter, mais il connaissait ses limites et elles étaient proches.

La jeune fille souriait à la marmotte, heureuse d'avoir fait vite et d'avoir pu lui ramener ses effets personnels. Elle se baisse pour l'aider à se remettre sur ses deux jambes, un peu embêtée que le jeune homme veuille porter le sac vu son état, mais elle ne proteste pas. S'il veut le faire, elle peut bien lui laisser la possibilité d'essayer. Katy a conscience que se faire aider par une personne aussi jeune peut être difficile à accepter. Elle peut à peine le porter de tout son poids, s'il ne l'aidait pas, s'il était vraiment affaiblit par la cryogénisation, Katy n'aurait pas pu l'aider à aller aussi loin. Elle a été chanceuse en soi de tomber sur une personne « forte ». La jeune fille laisse l'homme se relever seule, elle a compris que c'était important pour lui et n'insiste pas pour l'aider. Elle reste accroupie à ses côtés jusqu'à ce qu'il soit sur ses deux jambes. Elle se relève alors pour être à sa hauteur tout en rigolant à sa blague.

« Ahah, ne t'inquiètes pas, je te protégerais ! »

Les mains sur les hanches, Katy ri aussi de sa condition, car un petit être comme elle n'est pas prête de défendre quoi que ce soit. Mais la jeune fille préfère rire de sa condition plutôt que d'en pleurer. La situation reste amusante, une lycéenne et un homme adulte qui a l'air d'être beaucoup plus fort qu'elle et pourtant, c'est elle qui aide, c'est elle qui le soutient, c'est elle qui doit le protéger.

Sur ces bonnes paroles, ils reprirent leur marche, ils étaient presque arrivé à la sortie quand Katy sentit Zayne perdre un peu de ses forces et dû soutenir pratiquement tout le poids du jeune homme avant qu'il réussisse à se ressaisir. Elle faillit tomber, mais heureusement, réussit à se retenir et à tenir le jeune homme les quelques secondes qui lui manquaient pour reprendre son équilibre. Elle lui lance un sourire.

« On y est presque, c'est encore à quelques pas Zayne. »

Oui encore quelques pas et finalement, Katy et le jeune homme sortir enfin de la voûte. Le soleil éblouit un peu la jeune fille qui s'était accommodée à l'obscurité des murs de fers du frigo. Aujourd'hui c'est une belle journée sans pluie et ensoleillée. La jeune fille jette un œil à son compagnon, le vent faisant remuer à se moment ses cheveux court et son ruban dans les cheveux cache à moitié le visage de la jeune fille, pourtant elle lui sourit.

« Nous y voilà. Viens je vais t'emmener dans un endroit pour te reposer. »

Une fois qu'elle pourra laisser le jeune homme, elle ira prévenir Kiba et Evy du nouvel arrivant pour qu'ils s'occupent comme il se doit de son accueil. Elle ne se sent pas capable de tout expliquer au jeune homme et il doit se reposer avant. C'est important, car ensuite on ne sait pas quand on en aura le temps. Son sourire ne la quittant pas, Katy invite le jeune homme à la suivre.

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Alors que l’incertitude lié à ses capacités demeurait , le jeune homme fut transpercé par un rayon beaucoup trop lumineux pour ses iris fatigués. Il n’avait pas vu la lumière du jour depuis trop longtemps pour l’apprécier à sa juste valeur. Ce faisant, il poussa une plainte muette, cachant ses yeux de cette violation éblouissante.

-Merci…

Zayne ne se sentait pas très bien. Son corps était ridiculement fragile. Les douces caresses du vent auxquelles son corps était anciennement habitué ressemblaient dorénavant à des bourrasques sauvages. Évidemment, il comprenait que la sensation désagréable était relative à son état physique.

-On m’a toujours dit de ne pas sous-estimer les gens, mais je ne m’attendais pas à ce qu’une personne de ta taille soit aussi forte.

La reconnaissance était un fondement très important chez les Whittaker. S’il y avait bien une chose positive qu’il pouvait retirer de cette famille et de son éducation, c’était bien cette qualité. En plus d’être apparue au bon moment, celle-ci repoussait ses limites tout en lui sauvant la vie. Elle venait de faire tant et encore une fois, la relativité ajoutait de la valeur à son geste.

-Maintenant je sais comment je risque de me sentir à 60 ans

Riant légèrement, il s’épuisait rapidement. Toutefois, il ne pouvait s’empêcher de vouloir rire dans un moment aussi critique. En fait, c’était un peu sa manière de rester éveillé, de garder les yeux ouverts. Il n’était pas en mesure de préserver son état de réveil, donc il n’avait pas le choix de préserver son esprit. Autrement, il risquait de fermer les yeux et il avait peur de ne jamais se réveiller. Plus que quelques pas se répétaient-il… plus que …quelques pas.

Il faut encore un peu marcher, Katy espère que l'homme va tenir le coup, car bien qu'elle réussisse tant bien que de mal à le soutenir, elle ne pourra pas le faire encore très longtemps. A ce moment, même si elle semble plus forte qu'on le croirait -et ce elle le doit à plusieurs semaines dans wooden cove à aider Sonja à construire les habitations et à essayer de survivre- Katy n'en reste pas moins jeune et pas très musclée quand même.

« Tu m'aides quand même, je supporte pas tout ton poids. Heureusement ahah. » »

Un sourire, c'est tout ce qu'elle à offrir à cet homme épuisé et perdu par les événements. Ils avancent, toujours lentement, mais Katy voit le centre de soin se rapprocher. Une bonne chose. Des gens plus compétents pourront le soutenir et prendre soin de lui. On a tous besoin d'un temps d'adaptation au début. Le sien avait été rapide car le contexte l'obligeait, mais Katy tient à ce que chacun puisse se reposer avant d'être plongé dans l'enfer du quotidien de wooden cove.

« Encore quelques pas Zayne, tiens le coup !»  »

Elle resserre sa prise sur le bras du jeune homme et le soutient un peu plus qu'avant pour qu'il puisse réussir à faire l'effort d'aller jusqu'à destination sur ses deux jambes. Les quelques pas manquant sont alors rapidement comblés et Katy réussit à installer le jeune homme sur un lit dans l'infirmerie. Une fois que ce dernier est bien installé, elle laisse échapper un soupire de soulagement. Les mains sur les genoux, le dos courbé, en sueur, elle est à bout de souffle. Elle a bien cru qu'ils n'y arriveraient pas son l'aide de quelqu'un.

La jeune fille se laisse glisser le long du mur pour s’asseoir par terre, elle passe une main dans ses cheveux, retire son ruban qui les retient car quelques mèches s'en sont échappées avec l'effort. Elle les replace en arrière et refait le nœud avec son ruban. Katy reprend son souffle et sourit au jeune homme. La lycéenne est plutôt fière d'elle. Elle a réussi à aider une marmotte sans l'aide de personne et elle avait réussi à se rendre utile.

« On y est arrivé finalement. C'était sportif, mais tu vas pouvoir enfin te reposer. » » dit-elle bienveillante avec son sourire « Je suis contente d'avoir pu t'aider. » »